Je t'envoie une carte postale

Je t’envoie une carte postale

Ce matin, au réveil, une lubie. Je vais écrire un truc, le mettre sur mon blog, et le partager sur Face truc. Ouh là là, trop d’idées d’un coup.

Bon, écrire un truc, passe encore. Tout le monde s’en fout, tu mets ça dans un journal intime que l’arrière petit neveu de la tante Yvonne retrouvera au fond d’une malle dans le grenier dans quelques décennies. Pas de quoi déclencher un séisme. Option numéro 2, le mettre sur un blog. Blog, tu sais, le truc dans lequel des gens racontent des trucs, voire se racontent, voire se racontent des trucs, voire se la raconte et que tout le monde s’en tape même si toi t’as l’impression de poser ta crotte. Oui ouais, c’est que là, tes écritures, tu les « mets en ligne ». Wouahhh !!!

Mettre en ligne, ce n’est pas aligner des machins en rang d’oignons. Que nenni, on parle là, de partager sur la toile, ça peut exploser dans toutes les directions, dans le monde entier. Sauf que, c’est comme un feu d’artifice, si tu ne regardes pas… En gros, si personne ne lit tes œuvres, te voilà bien avancer. Mieux vaut encore compter sur l’arrière petit neveu de la tante. Alors pourquoi donc mettre en ligne ? Bah, on en est un peu tous là, y’a bien un moment donné où même si question ego, t’as bien pris tes médicaments, t’as quand même un petit peu envie d’exister.

Et puis alors « partager sur Face de truc », là t’es carrément en manque, c’est plus le simple fait d’exister que tu cherches. Là tu plonges direct dans le besoin de reconnaissance. Enfin, plutôt de masochisme oui. (J’ai testé pour vous !). Non, le truc n’est pas fait pour ça. On est là plutôt dans une fiction de la vie des gens, qui n’ont pas l’air d’aller si mal que ça, à grands coups de sourires, photos de vacances, cornets de glace extraordinaires ou n’importe quoi d’autre pouvant te sortir de la banalité, routine, fadeur, ennui. Tout cela déclencherait l’instinct de curiosité d’autrui ? Hum… Joker ! Pourquoi « partager » alors ? Je ne sais pas trop. Disons que c’est un petit coucou comme ça en passant.

Bon, jusqu’à là, ce n’était que l’intro. Non, le sujet du jour c’est : le retour de la carte postale. J’ai déjà un peu commencé mais, à l’avenir, je pense pouvoir amplifier un peu le phénomène. « Les gens » aimeraient donc « communiquer ». Soit. Or il se trouve que, en ce qui me concerne, les retombées je dirais affectives, sentimentales, « trippantes », de la communication numérique sous toutes ses formes me semblent plutôt… faibles, voire fades, voire médiocres, voire nulles quoi ! Serait-ce lié au peu d’effort que ça prend, genre appuyer sur un doigt, ou le faire glisser sur une surface lisse ? Je n’écarte pas l’hypothèse ! Résultat : il y a déjà quelques temps que j’ai arrêté. Purée, c’est dingue, tu ne peux pas savoir le bien que ça m’a fait. Oui, je sais. Ben non. Tu ne peux pas.

Alors, tournant un peu le dos à cet ouragan technologique qui nous emporte, je me suis remis à la carte postale. Oh je ne la vois pas comme une panacée. Après tout, tel un légume oublié, elle a été un peu oubliée non sans raison. Genre, pas d’enveloppe, timbrée directe, l’adresse qui prend déjà la moitié droite, et bons baisers de Trifouillis les tartignettes et c’est torché. C’est sûr que là… Sauf si Augustin se mettait à collectionner les vielles cartes postales timbrées et affranchies. Augustin ? Tu sais…, le p’tit neveu…

Non là, c’est du sérieux. Je me suis fait mon petit protocole à moi. Un truc de dingue, moi qui déteste ce mot ! La carte doit être, choisie bien sûr, trouvée à l’endroit où je suis, écrite de l’endroit où je suis, postée de l’endroit où je suis, parler en partie de l’endroit où je suis. Je dois remplir cette carte, sans en mettre des tartines, genre commencer à écrire en miniature à 2 centimètres de la fin à cause d’une idée soudaine, ni grossir exagérément la calligraphie pour me débarrasser d’une corvée. Ce n’est pas une corvée. Si c’en est une, j’attends que ça n’en soit plus une. Elle doit pouvoir être en lien autant que possible avec le destinataire. Exemple : « temps magnifique à Trifounion les 3 églises où nous sommes depuis 4 jours » : rejeté. Je dirais même : « nous pensons très fort à toi » : rejeté ! Evidemment, « tu sais pas la meilleure, je suis à Trifounette les allégrettes, tu sais ce fameux soir de juillet 1972 ! » là, évidemment c’est un boulevard. Mais même, euh, je ne sais pas, « j’ai fait un tour de vélo au bord de la plage, ça m’a rappelé quand on avait fait du vélo à la montagne blablabli blablabli blablabla… » : ça marche !

OK, c’est bon, on a compris le protocole. C’est parti. A partir de là, si j’ai ton adresse postale, te voilà prévenu. Après ? la suite ? Je dirais ben…, ou alors bof… Comme diraient les arabes : « Inch Allah ! » ou alors… « Inch Allah… ». J’ai bien déjà quelques idées pour sophistiquer un peu l’affaire par la suite, mais je ne m’envole pas. Aujourd’hui ya plus grand monde pour manger des topinambours !!!

A suivre !

Gg