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6 février 2024

Vous reprendrez bien un peu de Weymouth

But du jeu du petit exercice qui va suivre. Trouver un arbre, enfin une espèce d’arbre pouvant donner lieu à une histoire sympa à raconter. Petit travail déjà effectué pour d’autres essences dans ce blog. En fait, pour tout vous dire, y a encore du psy là-dessous : le gars a été traumatisé par ses cours de dendrologie à l’école forestière. Dendrologie ? Kesako ?

Je ne m’étends pas trop. Pour faire simple, les cours de dendrologie forestière consistaient à nous présenter les espèces d’arbres une par une en nous énumérant leurs caractéristiques (tronc, rameau, bourgeon, feuille, etc.), dans le but bien sûr de pouvoir les reconnaitre sur le terrain. A l’époque, le prof, au sommet de ses capacités pédagogiques, ne faisait ni plus ni moins que de nous lire un livre de reconnaissance botanique. T’achetais le bouquin ? C’était pareil…Traumatisant… Bilan ? Un désastre…

Bref, aujourd’hui, on va se taper le pin de Weymouth, ce qui, en matière d’alcoolémie, a beaucoup moins d’incidence que de se taper du Vermouth. De toute façon, rien à voir. Le Vermouth nous emmènerait en Italie. Nous, nous allons partir en Amérique du Nord. Par où commencer ? Voyons voyons…

Weymouth ? C’est qui ce Weymouth ? Nous sommes en 1602. George Weymouth est un capitaine de navire qui mène des expéditions sur les côtes d’Amérique du nord. Ses « sponsors » dirait-on aujourd’hui aimeraient bien qu’il trouve le « passage du Nord-Ouest ». C’est la grosse affaire de l’époque. Comment passer de l’Atlantique au Pacifique par le Nord.Captain_George_Weymouth_expedition_in_Maine

Passer par le sud ? C’était plié en 1519 grâce à Magellan qui donna son nom au détroit bien connu. Le gars atterrit aux Philippines. La classe… Mais dans la foulée, très tôt, des petits malins imaginent qu’on pourrait passer par le Nord, d’où l’appellation « passage du Nord-Ouest ». Problème : le « réchauffement climatique » était encore loin d’être d’actualité. Le secteur était donc pris par les glaces une bonne partie de l’année, d’où une succession d’échecs, beaucoup trop nombreux pour être ici contés.Northwest_passage

On nous dit donc que Weymouth trainait dans le coin en 1602. Bloqué par la banquise, il fit demi-tour. Guère étonnant : on n’en était qu’aux balbutiements de cette histoire. Pour la petite histoire, très grande en fait, le premier à être parvenu à faire la traversée complète fut Roald Amundsen en 1906, après 3 ans d’efforts. Trois siècles plus tard quand même ! Fermons ce chapitre polaire en rappelant qu’Amundsen a été aussi le premier à parvenir au pôle sud en 1911. Un gars qui n’avait pas froid aux yeux…

Nous n’avons que trop dérivé, tel un iceberg en perdition, de notre sujet du jour. Revenons donc à notre pin de Weymouth. En 1605, le capitaine Weymouth, encore lui, vogue le long des côtes du Maine et se décide à accoster. Et là, pan, il tombe sur des pins. Les gars à l’époque, s’y connaissent pas mal en « arbres à pouvoir servir à des trucs », comme par exemple des mats de navire. Il va s’avérer que ces pins là seraient au top pour cette utilisation. Weymouth va donc en ramener quelques échantillons en Angleterre, et au passage donner son nom à cette essence qui s’appelle donc toujours aujourd’hui, le pin de Weymouth.265340

A ce stade, avant d’aller plus loin, rendons à César ce qui est à César. Les Iroquois autochtones du coin, connaissaient cet arbre depuis bien plus longtemps. Ils en avaient fait, eux, la meilleure matière première pour la fabrication de leurs canots. On pourrait plutôt parler là de canots géants puisqu’ils pouvaient monter jusqu’à 40 dedans. Il semblerait qu’à cette époque ces pins blancs, c’est comme ça qu’ils les appelaient, atteignaient des dimensions bien plus importantes qu’aujourd’hui, genre 90 mètres de haut, plus de 2 mètres de diamètre pour les plus balaises. Pour clore ce paragraphe iroquois, le « pin blanc » était aussi « l’arbre de la Paix », en raison justement de sa grande taille. Il était un des symboles de « La grande loi de la Paix », une sorte de constitution pour le peuple Iroquois. L’appellation « pin blanc » pourrait venir du fait que cet arbre a une coloration de bois de cœur peu marquée. Je m’aventure… (c’est de circonstance) !

Donc, nos échantillons de pins blancs devenus « de Weymouth » font un tabac à Londres. Il faut dire que pour l’époque, le « bois de mat », c’est pas de la rigolade. Ceux qui tiennent le marché sont, je vais faire simple (!) les suédois et les baltes. Il se trouve que pour les mats, question qualité et caractéristiques du bois, on ne peut pas utiliser n’importe quoi. Les conifères des pays baltes par exemple sont considérés comme les meilleurs. C’est un très gros business, une matière première très prisée, des pays exportateurs qui ne sont pas manchots pour faire monter les prix, et un très gros importateur à savoir l’Angleterre, qui domine le monde, d’abord et avant tout grâce sa flotte, et pas de la cristalline, CQFD. Ça nous rappellerait bien quelque chose… L’histoire ? Un éternel recommencement !Edouard_Marie_Adam_-_A_Three_Mats_of_Commerce_in_1882_Watercolour_by_Edouard_Adam_(1847-1929)_1882_Pa_-_(MeisterDrucke-1022177)

Donc quand les angliches découvrent le potentiel des pins de Weymouth, y a de quoi les faire saliver comme devant une bonne pinte au pub. D’après mes infos, les mats en pin de Weymouth seraient 2 fois moins durables que les bois baltes, mais 2 fois moins chers. Donc ça colle, car à cette époque, leur aire géographique, nord-américaine donc, est sous l’autorité de la couronne britannique, donc pas de dépendance vis-à-vis d’un pays tiers.Broad_Arrow_(simplified)_2013-07-08

Le problème, c’est que c’est une terre de colonisation. Donc ces territoires, conquis par des colons, appartiennent si on peut dire, à des privés, en l’occurrence ces fameux colons. Rappelons que ce commerce des bois de mats est très juteux. Du coup, les colons américains y vont à fond la caisse, au point que la couronne britannique, première puissance mondiale (toujours grâce à sa flotte, insistons !), s’en inquiète. Londres va donc commencer à mettre en place une politique de martelage, de marquage des arbres, en utilisant le sigle du « Bload Arrow » qui symbolisait à l’époque tout ce qui était de facto, propriété de la couronne. De plus, les colons américains ne pouvaient vendre leurs bois qu’aux anglais, à des prix cassés. Les français et espagnols étaient en embuscade pour leur acheter ces bois beaucoup plus chers. D’où grosse tentation de fraude. D’où durcissement des contrôles par les arpenteurs de Sa Majesté. D’où montée en puissance de la colère des colons, avec par exemple en 1772, la Pine Tree Riot (l’émeute des pins) qui voit les colons s’en prendre aux représentants de l’autorité britannique. Ces faits sont considérés aujourd’hui comme les prémices de la révolution américaine. (Rappel : déclaration d’indépendance des Etats Unis : 4 juillet 1776).stamp-act-riot

Alors, où en est le pin de Weymouth aujourd’hui ? Je ne sais pas trop… A priori, dans son aire d’origine, il a bien ramassé à cause de la surexploitation de l’époque dont nous venons de parler d’où une aire géographique qui aurait bien diminué. On trouve comme info une introduction « forestière » en Europe en 1705, et en France en 1850, dans le nord de la France et le Morvan. Pour le reste, d’autres en sauraient certainement bien plus que moi. Il fait bien sûr partie des conifères retenus dans l’après-guerre pour « enrésiner » la France. Force est de constater qu’il n’a pas eu le succès de certains de ces collègues tel que le Douglas bien sûr. Question élagage naturel, c’est pas le plus fortiche. S’il n’est pas maintenu serré suffisamment longtemps, c’est sûr qu’il s’éclate un max question branchaison, et ce jusqu’au sol… !

Autres points en sa défaveur : le gibier l’adore, hum… par ici les bonnes jeunes pousses. Il aurait aussi quelques soucis avec une maladie, un champignon du genre cronartium, qui déclenche une « rouille vésiculeuse », d’abord sur les aiguilles, puis les rameaux et jusqu’au tronc. Elle est mortelle. Pas top…

En résumé, il y a bien des peuplements de pins de Weymouth en France, mais bon, ce n’est pas une essence que l’on trouve à tous les coins de route forestière. Par contre, il a quand même une utilisation intéressante en ornemental, du fait d’être un des rares pins à avoir des aiguilles, longues déjà, et regroupées par 5 ce qui lui donne un feuillage intéressant. Hélas, même sur ce terrain-là, il se fait damer le pion par le pin de l’Himalaya, autre essence de pin à aiguilles longues regroupées par 5. Pourquoi ? le pin de Weymouth a une bonne rectitude. Il valait mieux pour en faire des mats. Sur ce critère, le pin de l’Himalaya s’en sort moins bien. Mais…, pour de l’ornemental, c’est mieux. Sa « sinuosité » paie. Et puis, que la rectitude ne soit pas systématiquement gagnante, ce n’est pas plus mal ! (Considération personnelle de l’auteur…).pinus-strobus-pin-blanc-de-weymouth

Je ne m’étends pas plus longuement sur le pin de l’Himalaya. Un futur bon client pour un prochain « voyage botanique ».

Terminons en notant que notre pin de Weymouth, a donc depuis bien longtemps mangé son pain blanc, et ce encore à cause de nous les bien blancs. Il fait son apparition sur le drapeau et les armoiries de la ville de Montréal en 2017, en mémoire de son passé glorieux d’autochtone. Aaaahhhh le retour aux racines… ! Ça lui fait surement une belle jambe, mais bon…, ça mange pas de pin !

 

 

 

 

 

 

 

 

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