qu'est-ce qu'on fait pour le 25 ?
D’avance, tout cela ne serait-il pas ridicule, incongru, impudique…
Etre seul le jour de Noël ? L’homme d’église, après avoir renvoyé le troupeau dans la paix du Christ, m’inviterait à partager le pain, délaissant le saumon des fermes industrielles norvégiennes, et le foie d’oies généreusement gavées, puis nous sortirions dans le jardin, tout à la contemplation de la lumière d’hiver, scintillante sur des feuilles alanguies, marcescentes, ou ruisselante de jets rectilignes entre deux nuages d’un ciel normand. Il me parlerait de Dieu, j’évoquerais mon trouble de voir dans le message de Jésus, les signes d’un prêcheur de secte contemporain. Il serait malgré la grâce, autant que moi, si loin des hommes.
Je viens d’achever la lecture de mon dernier livre, merveilleux et unique cadeau que je me fais. C’est l’histoire d’une femme éprise, de liberté, d’abandon, d’absolu, qui meurt de n’avoir su se protéger de l’égoïsme, de l’égocentrisme, sacrifiant ses idéaux dans le leurre protecteur d’un mari castrateur et la sécheresse d’enfants matérialistes au possible. Son cœur est grand, son âme est belle, elle termine sa vie, seule, dans l’oubli, l’entourage dédaignant l’eau tumultueuse ou glacée pour la sauver, l’amant de survie ne surgissant pas à la dernière scène, le corps de la belle au bois dormant terminant putride, rongé par les vers, à peine noyé dans les quelques larmes d’une cavalerie trop lointaine.
La générosité de l’âme serait-elle un mauvais placement, un cœur ouvert assurément condamné au danger ? Faut-il que je referme mes pétales, que je réserve le cœur de la fleur à toi mon frère, toi qui veut bien me lire, m’écouter, m’entendre, me dire, curieux n’est-ce pas que toi aussi tu sois seul ? Dans le silence, je serais bien tenté d’écouter mon diable, au diable, simples sourires ou mots biens choisis, de toi, qui a disparu de mes écrans radars, de toi, qui se fait discret, de toi, qui ne fait que passer, de toi, qui n’a rien à dire, de toi que les remous rebutent, de toi qui aurait la sacro sainte explication de tout, de toi qui ne t’occupe que de toi.
Je ne jetterai pas l’huile en trop qui fait que la mayonnaise ne prend pas, malgré mon obstination à parvenir à l’émulsion, à quoi bon, elle est là, qu’elle y reste. Je me contenterai de puiser dans le pot de moutarde de l’amour porté, sincère, ou maladroit, mais quelquefois extraordinaire, ne serait-ce que d’un seul, ou de toi miraculeuse, et voilà que les molécules se relient encore une fois entre elles.
Impudique, oui, bien sûr, comme on me l’a défendu petit, mais qu’importe, le texte est trop long pour que nous n’ayons pas perdu en route ceux qui préféraient partir, a quoi bon continuez à faire semblant ? Désolé mon père, j’aurais tant voulu continuer à aimer la terre entière, je vais commencer dès aujourd’hui par m’occuper de mes propres larmes.