Sous la table
Oui je sais ça tourne un peu à l’obsession mais une consommation abusive d’actualités me pousse à me consacrer, aux tables…, par empathie toute personnelle. Oui, je pense qu’elles finiront par s’écrouler, avant que nous même nous roulions sous la table.
Pas une affaire nationale, régionale, locale, et bientôt même domestique, qui, devant les difficultés de la négociation, fasse resurgir la phrase devenue insuppor-table : « tout est sur la table ». Je traduis : « nous n’avons encore rien décidé, tout est en discussion, tout est négociable, avec les partenaires sociaux, avec tous les intéressés, avec toutes les instances représentatives, avec la nièce de mon beau frère. Et comme ces discussions se clôtureront, ou plutôt s’enliseront dans un joyeux bordel, eh bien, à la fin, nous trancherons. Et qu’on ne vienne pas nous dire que etc., etc… ».
Bref, bien avant de rouler sous la table, nous aurons tous été précédemment roulés…, dans la farine !
Alors comme ça, on pourrait mettre tout et n’importe quoi sur la table ? Les tables méritent mieux que cela. Il faut d’abord savoir mettre la table, et dans la foulée, savoir se tenir à table, ne pas se conduire comme un pied (de table évidemment…). Il faut savoir y mettre les formes. Mais la forme de la table compte aussi beaucoup. Puisque la négociation constitue le plat de résistance de ce texte, de résistance lui aussi, il ne peut s’agir que de table ronde, ce qui vous en conviendrez facilite les choses pour un tour de table, qui pourrait à terme permettre plus facilement de faire le tour de la question, éviter qu’un sujet ne se retrouve en bout de table. Evidemment, on peut aussi tourner en rond…
Non vraiment, l’art de la table, ça se mérite. Veillez à ce que tout le monde garde bien les mains sur la table. On ne connait que trop l’odeur dévastatrice des dessous de table. Mais restez toujours prudents. Car profitant que vous n’êtes pas dans votre assiette, de table, certains pourraient en profitez. Retenez bien cette maxime qui m’est toute personnelle : cela ne sert à rien de mettre les mains sur la table basse pendant que d’autres font main basse sur la table.
Il ne s’agit pas là de se renvoyer la balle comme dans un ping pong, même si de bien imprudents auraient nommé cette pratique le tennis de table. Oubliez ces acharnés de la raquette qui ne s’intéressent de toute façon qu’aux sets de table.
Oh je ne dis pas que les plaisirs de la table sont toujours de tout repos. Car, à bien y regarder, de petits malins s’amusent pour brouiller les pistes à faire tourner les tables. D’autres, moins subtils, finissent par faire usage de menaces pour que vous passiez à table. Sans parler des coléreux qui, profitant d’une autorité ne reposant que caractère détes-table, n’hésitent pas à brandir le fer sur la table à repasser, avant de subitement faire table rase du "déjà-passé". De là à finir sur la table d’opération…
Et pendant qu’on table sur votre ré-tablissement, ou pas, elles finissent quand même un jour par tomber : les tables de la loi ! Et vous, de tomber de la table. Mais les tables ne vous oublieront jamais. Rappelez-vous, les tables de votre enfance, addition, multiplication… Aujourd’hui encore, il vous reste…, la table de chevet ! Quel tableau !
Allez, pour moi là, tout de suite, il est temps de me mettre un peu les pieds sous la table !