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5 avril 2021

Sur la piste du permis tronçonneuse

Curieux de s’embarquer dans un texte sur le « permis tronçonneuse ». Nous sommes en avril 2021. Après avoir fait un peu le buzz durant ces dernières années, le « permis » commencerait bien à s’enfoncer dans la sciure dès que l’on s’écarte des sentiers battus du petit monde forestier. Cependant, le voilà malgré tout avec sa petite histoire, qui nous en apprend plus que l’on pourrait penser sur le monde dans lequel on vit. Eh bée ! Rien que ça ! Va falloir un peu expliquer! Essayons… !permis_tronconneuse_ecc4

Il n’est pas anodin de raconter comment j’ai fait la connaissance du « permis tronçonneuse ». Travaillant dans un centre de formation forestière, j’ai vu arriver un jour mon directeur avec le permis tronçonneuse sous le bras. « Je vous présente le permis tronçonneuse européen, c’est formidable. Je vous le confie. Maintenant, à vous de jouer. Faites-moi du permis tronçonneuse. C’est un produit génial, révolutionnaire ». Je déforme certainement mais à peine.

Vous l’aurez compris. Le « permis tronçonneuse européen » n’est pas le résultat d’une grande concertation au sein d’une équipe pédagogique chargée de réfléchir à un meilleur enseignement de l’utilisation de la tronçonneuse. Non, le permis tronçonneuse nous est arrivé un beau jour, d’ailleurs. Mais alors, d’où ? Pour votre modeste serviteur, simple formateur dans une petite école quelque part en France, cette question reste bien mystérieuse. Il me faudrait les moyens et le talent d’un journaliste d’investigation pour y répondre.

Quelques bribes de réponses pourtant : on sait qu’une « entité », un « organisme européen » est à l’origine de cette création. Il s’agit d’Eduforest, Edu comme éducation et Forest, comme forêt. On accède au site Internet d’Eduforest sur internet, pas de site physique. Cet organisme européen s’est donné comme vocation d’améliorer la formation des personnes travaillant en forêt en Europe. Impossible pour moi par contre de vous dire qui sont ces gens, sont-ils nommés, élus, désignés, quelle est leur légitimité, se sont-ils autoproclamés experts en la matière ? Je suis complètement sec tel un épicéa après le passage du scolyte !title-1576680650

Ce projet de permis tronçonneuse européen a cependant donné lieu à la création d’une « agence européenne », qui elle « gère » ce permis tronçonneuse, avec une adresse bien réelle cette fois en Allemagne. Cette aventure a bénéficié d’un financement, européen bien sûr, par le biais du programme Erasmus.

Pour être complet quant à mes maigres connaissances sur les « origines », il semblerait que le principe d’un permis tronçonneuse existait déjà au Royaume Uni et que le permis tronçonneuse européen que l’on connait aujourd’hui s’en soit fortement inspiré.

Ce qui est frappant dans cette histoire, au moins dans sa genèse, c’est cette impression d’opacité, ce sentiment que ce permis a déboulé un peu de nulle part. Flou encore cette traduction en français par « permis tronçonneuse » car le terme d’origine, en anglais, est « certificate ». Détail bénin ? Loin de là. Le permis tronçonneuse, en français, a fait le buzz, justement à cause du choix du mot « permis ». Permis, ça voulait dire obligatoire, en référence au permis de conduire. On aurait pu en rester à « certificat », quit à le rendre obligatoire pour certains publics, ça n’aurait pas été une aberration dans une démarche de sécurité. Mais le mot « permis » a déclenché les foudres, genre « à quand le permis de pisser ». Cette confusion était voulue peut-être, souhaitée peut-être, par certains promoteurs du permis tronçonneuse. Mais le permis tronçonneuse n’a pas passé le cap de l’obligation. Du coup, boomerang, le permis tronçonneuse prend un goût de soufflé au fromage qui est retombé.

Parenthèse : quand tu vois tous les textes, directives, réglementations qui créent de fait des obligations, dont tout le monde s’en fout comme de l’an quarante, déjà parce qu’il n’y a plus de fonctionnaires pour aller les faire appliquer, tu vois d’ici un peu l’avenir d’un truc non obligatoire… Fermons la parenthèse.tronconneuse-husqvarna

Flou encore dans les objectifs. Il y avait à l’époque une argumentation commerciale. Dans le cas de grosses catastrophes naturelles, on est parfois amené à faire venir des bucherons de toute l’Europe en n’ayant aucune connaissance de leurs possibilités, qualifications, expériences. Avec le permis tronçonneuse européen, chacun pourrait donc être noté, sur une échelle de 1 à 4, ce qui permettrait aux donneurs d’ordre d’y voir un peu plus clair. Pas con. Hélas, déjà en temps normal, les forêts françaises regorgent de bucherons étrangers (polonais, tchèques, roumains, portugais, espagnols, turcs, marocains, j’en oublie surement). Très peu aujourd’hui ont du entendre parler de ce permis… Alors pour ce qui est de leurs collègues restés au pays, on peut raisonnablement être inquiet quant à leur préoccupation supposée à disposer d’un permis tronçonneuse non obligatoire.chemin-forestier-buches-empilees-cotes-route_137916-279

Cependant, pour les promoteurs du permis, qui ne peuvent se résoudre à le considérer comme un échec, il faut que le nombre de permis attribué ne soit pas ridicule. Du coup, on le fait passer à tous les élèves des écoles forestières, bonne façon de faire monter un peu les chiffres et de considérer que tout va bien. Donc si l’on résume : le permis avait un goût au départ de « validation d’acquis ». Le voilà désormais transformé surtout en outil pédagogique dans les écoles forestières pour bien mesurer le niveau technique des élèves, avec un certain chevauchement fumeux avec le diplôme national pour lequel ils sont à l’école comme le CAP bucheron en France par exemple.

A ce stade, je veux bien me mettre à la place d’un lecteur « grand public » en train de lire ce texte. Je ne serais pas surpris s’il me gratifiait d’un : « qu’est-ce que c’est que tout ce « bins » ? ». Je compatis !laurent-motoculture-chateaugay14

On pourrait être surpris que ce certificat de tronçonneuse soit d’inspiration anglaise. Les britanniques sont connus pour leur goût du libéralisme et donc contre l’excès de réglementation. Mais les anglo-saxons sont aussi réputés pour leur pragmatisme. Tu veux tronçonner ? Passe le certificat, et c’est OK pour toi. Ça se tient. Mais nous, nous sommes…européens !

Que ce certificat soit conçu pour être européen, ça part aussi d’un bon esprit. Là où ça coince c’est qu’aujourd’hui encore, au niveau national, on sait encore qui est qui, on voit qui c’est, qui est derrière, compétent ou pas mais on sait à qui on a à faire. Dès que l’on passe au stade européen, on se retrouve avec des « organismes européens », des « agences européennes », des « projets européens », des « experts européens ». Là, on ne sait plus trop « qui sont ces gens », qu’en est-il de leurs compétences, de leur légitimité. Comment ont-ils conquis la place qui est la leur. N’aurions nous pas à faire à des groupuscules autoproclamés ? Le mystère qui les entoure n’encourage pas à gober tout cela les yeux fermés. En synthèse, il y aurait bien encore du chemin à faire pour parvenir au stade d’une « légitimité européenne ». Est-on bien encore dans du « démocratique » ?5314352479_cf2006d4a7_z

Interpelé par des parlementaires français sur ce permis tronçonneuse et son caractère obligatoire, le ministre français de l’Agriculture a répondu à l’époque que ce permis tronçonneuse n’émanait pas des pouvoirs publics, qu’il n’était pas obligatoire et que ce projet était porté en France par des organisations privées. En fait « d’organisations privées », on parle quand même des écoles forestières françaises, qui pour une bonne part sont publiques, qui se voient donc taxées de mener des démarches d’ordre privé, alors que le projet permis tronçonneuse est d’essence européenne. L’ « Europe » a donc encore du chemin forestier à faire pour être ressentie comme œuvrant pour un « service public »…image

Le pire dans tout ça, c’est que ce « permis » est plutôt bien fichu d’un point de vue technique, ou encore d’un point de vue progression pédagogique. Il mérite donc d’avoir sa carrière au sein des écoles forestières, en tout cas par le biais de ces standards de formation.

Et puis, il est peut-être un peu à la croisée des chemins. Complètement dans l’air du temps d’un point de vue « réglementation-sécurité » : si tu veux jouer le gourou intouchable dans une entreprise, endosse une belle veste fluo avec en gros dans le dos : SECURITE. Dans le même temps, l’ « homo sapiens sapiens europeanus » étouffe sous le poids de la sécurité à tous les étages. Coronavirus ne va surement rien n’arranger. Les gens ont la sensation d’étouffer. Comme dirait mon oncle : « c’est dingue, maintenant, ils nous retirent même le droit de mourir ».

Enfin, qu’une belle idée vienne de l’Europe, c’est chouette, tout le monde accepte, l’Europe aurait un côté bienveillant, sympa. Qu’une obligation, un peu saugrenue il faut bien le dire, ait une origine européenne… ? C’est sacrément casse gueule. Résultat, « le permis tronçonneuse », on est pour, on est contre, peu importe. Au final, il risque bien en effet de se « casser la gueule ». Allez…, frein de chaine !

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