De Saint Nom la Bretèche à Marrakech
Elle déposa sa bêche, contre l’arbre, à côté des caisses de pêches. Il fut un temps où elle aimait regarder les enfants qui se pourlèchent les babines à la vue de ce fruit bien mûr, d’été, à la peau rêche. Mais aujourd’hui, toutes ces années de dèche ont raison d’elle, sa peau se dessèche, son cœur s’assèche, elle se sent chaque jour devenir plus revêche, plus de mal à retenir ses flèches, ses yeux deviennent brillants de flammèches de plus en plus en vives, elle ne se reconnait plus, tourne chaque jour un peu plus le dos aux prêches, fatiguée de ses histoires de brebis égarées, que l’on repêche.
Ce soir, elle ignorera les pimbêches, point besoin qu’elle se dépêche, sa calèche l’attendra. Toutes ces tentations qui l’allèchent, tous ces goûts que déjà par la pensée, elle lèche, plus rien désormais de l’empêche de s’engouffrer dans la brèche, qui aura bien du mal à se refermer. Le petit Jésus ne veut plus rester dans la crèche, tous les contrats qu’elle aurait signés, elle les ébrèche. D’un gracieux coup de tête, elle remet en place ses mèches, confiante en elle, l’haleine fraîche, en route pour Singapour, Santiago, Marrakech.