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5 juillet 2014

le sapin de douglas: une histoire d'écossais

Le sapin de Douglas ; une histoire d’écossais

 

Mais qu’est-ce qu’il vient nous gonfler encore avec ses arbres, celui-là ? Attends attends, pars pas tout de suite, t’apprendras peut-être des trucs, en plus, je vais t’emmener en Amérique du Nord, c’est pas rien, et pour pas cher en plus !

Bon pas tout de suite… On est en France, tu la traverses en ce moment avec ta caisse en regardant le paysage, c’est beau hein ? Tu connais les sapins hein, bon la plupart, ce ne sont pas des sapins, mais des épicéas, et encore il va falloir te mettre à la page, nous sommes entrés dans l’ère du sapin de Douglas, un étranger, hein ????, d’Amérique du Nord, ah, bon, j’aime mieux ça !!!

Le douglas est devenu depuis quelques années, la première essence de reboisement en France. La France possède la moitié des peuplements de douglas en Europe, tu vois que t’as besoin de te mettre au parfum !!!

Pourquoi ? Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, on ne sait plus trop quoi faire de toutes ces terres abandonnées par l’agriculture, les « bios » avec leurs chèvres n’ont pas encore fait leur apparition, alors on va reboiser un max. La star des premiers temps, c’est l’épicéa, qui descend de ses montagnes pour débarquer un peu partout, voir le texte intitulé « épicéa ». Bon, il nous inquiète un peu, faut lui mettre de l’urée sur toutes les souches qu’on abat, sinon, il se choppe le fomès, un champignon parasitaire, qui s’en prend aux racines, et se transmet à travers les peuplements. On en a mis pas mal, ça sent la monoculture, on a un peu les jetons !

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Et voilà un cousin d’Amérique, super génial ! Le douglas pousse vite, produit du bois impeccable, charpentes extraordinaires, résistance mécanique au top, bien moins sensible aux champignons parasitaires et aux insectes xylophages, ouais mangeurs de bois, si tu préfères. Climatiquement, il vient de la Colombie britannique….. bon d’accord ! Tu vois la côte ouest des Etats unis, tu vois Seattle, tout en haut, tu continues à monter vers le Canada, les « Rocheuses » un peu dans les terres, tu y es !

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Il lui faut de la flotte, mais pas les pieds dans l’eau, un sol quand même assez profond, s’agit pas de le foutre dans la caillasse calcaire à côté des pins noirs d’Autriche, dis, t’en apprends des trucs ! Il déteste les sécheresses exceptionnelles, mais….il tient pas mal le coup, même dans des coins où il commence un peu à faire chaud, genre les Cévennes…., non !!! pour les Cévennes, tu te démerdes !!!

Oh, ça, ça tente Homo forestus, qui oublie un peu trop vite le truc de sécheresses exceptionnelles. En 2003, il fait vraiment super soif, les p’tits douglas vont pas mal tirer la langue.

Eh oh, dis, toi, et l’Amérique du Nord, c’est pour quand ?? Oh oh du calme, j’y viens, j’arrive !!! En fait je savoure, car, à partir de maintenant, je vais te raconter une belle histoire !

Nous sommes le 15 mars 1754, Pierre Bellemare, sors de ce corps !!! non j’arrête, cette fois, on ne rigole plus. Le 15 mars 1754 donc, Archibald Menzies voit le jour à Weem, Ecosse. Après, je vous épargne quelques étapes. Il est d’abord jardinier, puis brillant élève, et finit par toucher sa canette dans un nombre de disciplines multiples et variées : botanique, chirurgie, peinture. Il rentre dans la marine comme officier, en 1782, direction les Antilles, et la bataille de Saintes. Ouais alors là, j’ai du bosser : On est bien implantés aux Antilles, mais on aimerait bien piquer la Jamaïque aux british. Résultat bataille navale : ils ont moins de bateaux, mais bien plus performants, résultat, ils nous mettent la pâtée ! Non, les avaleurs de pintes, vaut encore mieux les affronter au foot, c’est clair !

Notre Archibald se retrouve en poste à Halifax, bon grosso modo pas loin du golf du St Laurent, où il se met aussi sec le nez dans les plantouzes du coin, c’est un peu pour ça qu’il est là, plus que de faire joujou avec les canons en mer. Il revient à Londres en 1786, avec à peu près 400 espèces nouvelles de plantes dans ses valises, ça a du y aller, les herbiers, et les pots de fleurs.

halifax

Halifax

En octobre 1786, il réembarque sur le « prince of Wales », direction cette fois la baie de Nootka, sur la côte Ouest bien aux Nord, toujours dans le coin de la Colombie britannique. Il s’agit cette fois d’aller tâter un peu du commerce des fourrures sur la côte Ouest et en Chine, à cette époque, ça rigole pas avec la fourrure, c’est du niveau des épices en Asie, quasiment du pétrole de nos jours ; retour au bercail en 1789.

baie de nootka

Baie de Nootka

Et c’est reparti en 1791, cette fois sur le « Discovery », sous le commandement de Vancouver, tiens  tiens, et c’est reparti pour la baie de Nootka, en 1792, eh ouais faut le temps d’arriver ! Ils vont même aller se balader jusqu’à l’Inlet de Cook, en plein dans le golf de l’Alaska. Cette fois, ça va botaniser sec. Archibald découvre le Cyprès de Nootka en 1793, et le sapin de Douglas en 1795. Question grands conifères, il faut dire que c’est un coin où ça carbure. Archibald n’est pas cité pour d’autres essences dans les sources dont je dispose, il se trouve que le douglas arrive en Europe en 1827, mais l’Epicéa de Sitka (Alaska) et le sapin de Vancouver suivent de près en 1831.

sitka

Sitka

L’expédition va revenir en passant par le Cap Horn, mais d’abord petit arrêt à Santiago du Chili. Au dessert, le gouverneur de la ville, qui les a invités à bequeter, leur file des graines. Qu’est-ce qu’il fait notre Archibald, il en met dans sa poche, et bingo, en prime, il nous ramène l’Araucaria du Chili en Europe, c’est le jackpot !

Bon allez on met les voiles ! Dernière alerte sur le retour, ils essuient une sacré tempête et paument une partie des échantillons d’Archibald. Vancouver pique une colère monstre, et veut même le traduire devant une justice militaire. Bon, finalement tout le monde reprend ses esprits, allez, Londres est en vue.

Archibald repartira encore se balader cette fois, surtout dans les Antilles, mais, sujet à l’asthme, il raccroche les voiles en 1802. Il finira ses jours, tranquille, comme médecin, et vivra jusqu’à 88 ans, chapeau bas, il aurait peut-être bien bossé aussi les plantes médicinales !!!

Le nom latin du douglas est « Pseudotsuga menziesii », bon c’est mérité n’empêche ! Alors qu’est ce que vient foutre là-dedans le nom « douglas ».

C’est que voilà, un écossais peut en cacher un autre, c’est des coriaces, cette race là !

David Douglas nait en Ecosse, ben voyons !, à Scone, 45 ans après Archibald donc. Il démarre aussi comme jardinier, mais après ça va cartonner, encore plus intrépide que notre Archibald !

Il embarque le 20 septembre 1823, direction Windsor, pas très loin de l’actuelle Détroit en fait. Là, une anecdote : pendant qu’il est grimpé dans un arbre, son guide se barre avec son manteau et le pognon. Il lui laisse le cheval et la charrette. Mais cette bourrique de canasson ne connait que le français, eh ouais c’est frenchie à cette époque ce coin là, bref une vraie galère pour revenir en ville ! Et ça ramasse des plantouzes en pagaille, Buffalo (état de New York), la rivière Niagara, Queenston et fin de l’expédition à Halifax, tiens déjà sur les traces d’Archibald.

windsor

Windsor

Bref, premier retour à Londres et c’est reparti pour un deuxième voyage en juillet 1824, dans les valises d’une expédition de la « Compagnie de la baie d’Hudson », une vraie multinationale de la fourrure.

Destination Vancouver, mais après, ça va pas arrêter, York Factory, au bord de la baie d’Hudson en 1827. Il monte en haut d’une montagne tout seul, à qui il donnera le nom de Mont Brown, du nom d’un autre illustre botaniste, passage par Carlton House, Cumberland House, le lac Winnipeg, la rivière rouge et retour à York Factory le 28 aout. Peu après, il frôle la cata en essuyant une tempête sur un bateau avec des collègues, et rejoindra York Factory dans un état lamentable. Tout cela mérite un peu de repos, retour en Grande Bretagne en 1827.

york factory

 

York factory

Il nous remet ça le 31 octobre 1829, port d’arrivée, Vancouver, rebelote. Là, il va botaniser comme un dingue entre Santa Barbara, ouais tout le monde connait évidemment, ah ben bravo ! et Punget Sound, c'est-à-dire environ l’actuel Seattle, et ce, de 1830 à 1833. Bon, auparavant il se sera foutu en l’air au fond d’un ravin, où on le ne le retrouvera qu’au bout de cinq heures, pour le moment le David, il a la baraqua ! Il faut dire qu’il a de gros problèmes de vue, ce qui ne l’empêche pas de suspecter la présence d’une plante nouvelle sur terre depuis la mer, et aussitôt débarqué, de grimper comme un singe au sommet d’une colline pour dénicher la perle rare.

santa barbara

Santa Barbara

En mars 1833, son œil droit est KO, il faut penser au retour, mais sans avoir fait un sacré crochet ; Sitka en Alaska, la Sibérie, puis Fort Okanogan, Fort Alexandria, et descente de la rivière Fraser sur dans laquelle il se viande avec son guide, 400 plantouzes de perdues En juillet, il est au Fort de Vancouver.

fraser river

Fraser river

Le 18 octobre, il embarque pour les iles Sandwich, c’est à dire Hawaï. Il est à Honolulu le 23 décembre. Il marche alors encore une fois sur les traces d’Archibald, que les locaux, qui ont de la mémoire, se rappellent comme de l’homme au visage rouge, qui coupe les membres et a toujours le nez dans les plantes.

hawaï

Hawaï

Hélas, on le retrouve le 12 juillet 1833, au fond d’une trappe à bétail, « occupée » par un taureau enragé, encorné de partout, la chance n’était plus là ce jour là. Sa mort reste cependant d’après les infos, assez mystérieuse.

David Douglas meurt donc à 35 ans, mais sa « récolte » de plantes nouvelles est monstrueuse, plus de 7000 espèces, comparées aux 92000 connues à cette époque. Seulement 35 ans, mais y ’en avait dans la caboche, le mieux est de vous communiquer cet extrait de sa biographie :

Pour Douglas, la nature ne faisait pas qu’apporter de l’eau au moulin de la science. Il se montrait « attentif à tout ce qui [était] pittoresque », disait un contemporain, et il soulignait dans ses écrits que, si la nature est variété inépuisable et lieu d’« opérations grandioses », c’est qu’elle est la manifestation de l’« intelligence et de la puissance infinies du Très-Haut ». Obsédé par l’étude de la nature, il déplorait l’étroitesse d’esprit de ceux qui ne se consacraient qu’à la poursuite de la vérité scientifique : cette attitude menait à « une condition guère meilleure que la servitude morale ». « Nous pouvons parcourir des contrées lointaines, écrivait-il, et apprendre à connaître les traits, les sentiments et les caractères de l’humanité dans toutes les conditions de vie ; ce faisant, si nous ne sommes pas des élèves extrêmement réfractaires, nous ne pouvons qu’acquérir maintes leçons de délicatesse et de liberté intellectuelle, tout en apprenant bien ce qui relève de notre travail immédiat. »

Le sapin de Douglas, c’était déjà 400000 hectares en France en 2004. Pour l’instant il est résistant à des incestes très méchants qui ont fait bien des misères à l’épicéa, mais attention…

Un petit méchant, venu d’Amérique du Nord s’en prend déjà aux graines, parfois 5% sont concernées, parfois 90%, il est plus méchant que dans son pays d’origine. Et puis n’oublions pas qu’il n’a pas réussi à faire copain copain avec les cèpes. Je ne sais pas avec qui il s’acoquine pour la mycorhization, mais les ramasseurs de champignons font la gueule, espérons que nos cèpes, propriétaires des sols depuis des siècles, ne finissent pas par lui envoyer une malédiction. Pour en terminer, j’ai honte, mais ce sera un « copié collé », les dernières lignes du paragraphe « pathologie » sur le douglas dans Wikipédia :

Le douglas est actuellement peu sensible aux insectes et pathogènes mais l'avenir dira s'il peut être sérieusement menacé (à l'instar de l'épicéa par les scolytes). Comme il a été introduit fréquemment sur des stations forestières inadaptées à ses exigences et souvent en monocultures assez intensives, on peut craindre des aléas.
Des dépérissements sont aujourd'hui couramment observés sur ces stations, notamment suite à des épisodes de 
canicule et sécheresse comme en 2003.

 

Impossible d’en vouloir à Archibald et à David, tout ce petit monde était destiné à se rencontrer un jour, mais c’est sûr, à l’avenir, les chercheurs vont avoir à jouer serré.

Lien livres perso: TheBookEdition

 

 

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