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14 juillet 2014

un occidental coincé entre chiites et sunnites

Un occidental coincé entre chiites et sunnites

Depuis des décennies, on voit notre présentateur de journal télévisé, celui que vous voulez, nous balancer des sujets sur le monde arabe, avec toujours du sunnite et chiite à longueur de turban, comme si, c’est évident, nous on sait  de quoi il s’agit, comme si, évidemment tu penses, il sait de quoi il s’agit.

Carte_Moyen_Orient

Résultat, trente ans plus tard, on en est toujours au même point, on y comprend que dalle. Le problème, c’est que les arabes s’évertuent à toujours faire la une de l’actualité, donc à un moment donné, il faut bien s’y coller, je m’y colle, attention, ça sent le pavé.

Dans l’imaginaire du jeune occidental que je suis j'étais, cette histoire nous renvoie à une époque très contemporaine, au retour de Khomeiny en Iran, février 1979. L’Iran, chiite, la révolution iranienne, le grand Satan américain. Dans notre imaginaire, je dis bien, à cette époque, les méchants, ce seraient donc les vilains chiites iraniens, qui viennent nous dire que l’occident, c’est naze, qu’ils en ont rien à branler de notre supériorité, qu’ils vont reprendre le Jihad, tu vas voir ta gueule…

C’est contemporain, mais incontestablement pour tous les spécialistes, c’est une date qui compte, le chiisme est boosté par cet événement, avec des conséquences encore aujourd’hui. Je reviendrai sur la situation actuelle, mais il nous faut d’abord nous plonger dans la nuit des temps, car cette histoire remonte à l’an 632.

Le prophète Mahomet se meurt, et chose sur laquelle personne ne s’arrête, par respect du prophète sans doute, c’est que Mahomet rate complètement sa succession. Alors bien sûr, on peut dire que le plus fondamental, c’est le message spirituel, si puissant qu’il va ensuite traverser les siècles jusqu’à nos jours, que Mahomet, c’est d’abord, et avant tout un personnage religieux.

Mais quand même: dans l’épopée de Mahomet, il y a aussi la notion de chef, de conquête, et à sa mort, il n’y a pas que de la propriété intellectuelle, il y a aussi un territoire, qui d’ailleurs ne va plus arrêter de s’étendre. On est loin de Jésus, il faut vraiment un successeur, et d’ailleurs, Mahomet en parle de son vivant. Seulement, sur ce point, son message est vraisemblablement suffisamment confus, pour laisser libre court aux interprétations. Ça va te foutre un bordel sans nom, dont on paie encore aujourd’hui les pots cassés.

Mais ne chargeons pas trop le prophète, la suite du récit va nous montrer que les hommes auraient de toute façon trouvé mille et une raisons pour se foutre sur la gueule, mais sa responsabilité reste néanmoins engagée.

A sa mort, pour la succession, deux théories s’affrontent. Un premier « groupe » soutient que Mahomet a été parfaitement clair, et a indiqué Ali, comme étant son successeur. Tous les musulmans, s’accordent pour valider une scène qui se passe dans la maison de Mahomet, Ali a treize ans. Schématiquement, Mahomet fait un petit éloge d’Ali, et il demande le même jour qui voudrait bien continuer son œuvre. Personne n’ose s’avancer, et le petit Ali dit qu’il veut bien. Mohamed remet un coup de pommade sur Ali, et en fait un personnage qu’il faudra respecter. Parmi les vieux tout autour qui n’ont pas voulu la ramener, ça chambre pas mal le gamin.

Bon, c’est raconté à la Gégé, mais il faut mieux rire jaune, quand on voit la suite des évènements.

Mohamed dans un de ses discours les plus important, dis à Dieu d’être l’ami de ceux qui s’allient à Ali, l’ennemi de ceux qui le prennent comme ennemi. Dans ce discours, il emploie, en parlant d’Ali, le terme « mawla », qui est source d’interprétation, certains le traduiront par « ami », d’autres par « maître ».

Précision importante, Ali est le gendre de Mohamed, qui n’a pas pu avoir de garçon, le lien est très proche, il devient son fils d’adoption. A sa mort, Mohamed déclarera à ses compagnons qu’il leur laisse deux choses, son enseignement, et sa famille.

Reconnaissons à la lecture de ces quelques infos, que le « dossier » d’Ali est très bon, tu mets un bon avocat là-dessus, ça fait pas un pli, mais je ne m’avancerai pas plus le sujet, par les temps qui courent, je n’ai pas trop envie de voir ma bagnole exploser.

Ali ne « succédera » pourtant pas à Mahomet. C’est à Abou Bakr que reviendra la tâche ô combien difficile de devenir le premier calife de l’Islam. Abou Bakr a, lui aussi, un très bon dossier. Comme bien souvent dans la vie et dans l’histoire, il n’y a pas les noirs et les blancs, les gentils et les méchants. Abou Bakr est un, si ce n’est le premier compagnon de route du prophète. Un de ces compagnons de la première heure écrira à ce sujet que Mahomet leur aurait déclaré que dans les prémices de sa vie de prophète, le premier à l’avoir cru, fut Abou Bakr, si l’on fait exception de Khadîdja, sa première épouse.

Abu_Bakr_stops_Meccan_Mob

Abou Bakr

Question famille, les liens sont de toute façon très proche, puisque Aïcha, une des filles de Abou Bakr, deviendra la troisième épouse du prophète, et par la même aussi, une figure historique de l’Islam. Elle est fortement impliquée dans ce chiisme en train de naitre.

Que trouve t-on dans la documentation sur ce moment clé de l’histoire de l’Islam. Tous les compagnons de Mahomet se retrouvent après sa mort pour désigner son successeur. Ce choix ne dépend donc pas des liens du sang, mais fait plus appel à une tradition tribale, proche de la culture politique locale de ce peuple de tribus qui constitue la population de l’Arabie de l’époque. Mais à cette réunion, trois compagnons manquent à l’appel, dont Ali. Ils se rallieront, mais avec un temps de retard. Il est même dit qu’Ali mettra six mois à reconnaître Abou Bakr, ce qui peut laisser supposer un minimum de tension.

Pourtant Abou Bakr n’a pas l’air d’être le mauvais bougre. Certaines sources indiquent qu’à l’époque, il a fallut être un fin tacticien pour fédérer tous ces nouveaux croyants. Les forces prêtent à retourner à des querelles ancestrales, suite à la mort du prophète ne manquaient pas. Abou Bakr avait surement aussi le bénéfice de l’âge ce qui aurait pu être un handicap pour Ali, considération purement personnelle... (purée si moi aussi je donne mon avis...!)

Dans les premiers temps, Abou Bakr semble écroulé par cette nouvelle tâche qui lui incombe, et l’on trouve des récits qui montrent qu’Ali semble être un soutien sans faille pour l’aider à poursuivre l’œuvre du prophète. Il y parviendra plutôt bien, puisque sous son règne, qui ne dure que deux ans, la conquête de l’Arabie est achevée, et le Coran est rédigé, au vue des faiblesses reconnue de la transmission orale. Sa succession est elle aussi, parfaitement maitrisée, puisqu’il désigne, lui, son successeur de son vivant, Omar, son ami, autre compagnon de la première heure, sans donner lieu à la moindre discussion semble t-il. Notons enfin qu’il « réussit »  à mourir de maladie, en 644, privilège que n’auront pas ses trois successeurs, tous assassinés, métier à risque…

Omar prend donc le relai pendant dix ans, période de conquête et d’extension pour l’islam, l’Irak, la Mésopotamie, la Syrie, la Palestine, l’Egypte. Question succession, il va mettre un peu le brin pour l’avenir, car une dissociation s’est faite, entre les premiers compagnons de Mahomet qui vont émigrer de la Mecque à Médine, et les premiers musulmans de Médine, mon Dieu, que c’est complexe ! Les califes devraient être choisis dorénavant  parmi les descendants du premier  groupe. Il est dit qu’Omar fut un farouche opposant à l’Islam dans un premier temps, ce qui rendit sa conversion d’autant plus spectaculaire. Il la rendit encore plus spectaculaire qu’il fut le premier à la revendiquer publiquement. Omar meurt en 646.

Uthman, le troisième calife est effectivement bien né à la Mecque, il serait même le premier habitant de la Mecque à s’être converti à l’Islam, ils sont tous les premiers de quelque chose en sorte. Uthman s’y colle pendant onze ans, et n’a pas l’air de faire l’unanimité, trop despote, provoquant l’hostilité des peuples nouvellement conquis. L’expansion de l’Islam est cependant considérée comme très importante sous son règne, notamment en Afrique. Il est confronté à des querelles de « chapelles » autour du Coran en voulant mettre le haut-là, en favorisant la mise sur pied d’une version unique, ce qui ne plaira pas à tout le monde évidemment. Sa maison finit par être attaquée par une bande d’insurgés, venus justement de nouveaux territoires conquis, et il est assassiné dans sa maison en 656.

Pour lui succéder, on vient enfin voir Ali, qui à la base n’est pas très chaud, on le comprend ! Il finit cependant par accepter, quatrième calife de l’Islam donc, mais premier pour les chiites, qui eux ne reconnaissent que les liens du sang. C’est là que ça va sérieusement commencer à se gâter.

Ali

Ali

Ali est un personnage très important de l’Islam, avec un parcours exceptionnel, et un charisme irréprochable et reconnu. Pourtant il va galérer comme un malade. Plutôt que de vouloir venger la peau d’Uthman, il va vouloir composer, pour calmer les esprits. Aïcha, troisième femme du prophète, et quelques compagnons mecquois de la première heure n’y entendent pas de cette oreille. Ils monteront une armée contre lui, et ça se terminera à la bataille du « chameau », qu’il remportera en 656. Pourquoi le « chameau », parce que Aïcha assistera à la bataille, perchée sur son chameau, bien à la vue de « ses » combattants, pour bien leur faire comprendre que tant que le chameau sera debout, il ne sera pas question de se replier. Il semblerait que le pauvre chameau, devenu un symbole ait fini par passer un mauvais quart d’heure, premier round gagné.

En 657, il faut remettre ça, cette fois contre d’autres opposants, sympathisants d’un personnage qui prend de plus en plus d’envergure, le gouverneur de Damas, Mu’âwîya, c’est la bataille de Siffin, qu’il s’apprête là aussi à remporter, mais les perdants demandent un arbitrage qu’il va accepter. On n’y était pas, mais politiquement, ce n’est pas forcément bien joué.  Mu’âwîya va accroitre son influence comme on va le voir très vite, et Ali crée le mécontentement dans ses rangs. Une secte se constitue, les kharidjites, qui finiront eux aussi par constituer une armée qu’il faudra combattre et battre, à la bataille de Nahrawân en 658 où ils vont presque tous y passer. Les rescapés l’auront en travers, et ne cesseront par la suite de vouloir assassiner Ali, ce qu’ils parviendront à faire en 661.

Ali a deux fils, Hassan et Hussein. Hassan se voit proposer le califat mais le rapport de force étant devenu trop défavorable, vis à vie de Mu’âwîya, Hassan préfère lui laisser l’affaire, et aller couler des jours heureux, tranquille à Médine, le deal étant pour Mu’âwîya, de rendre le califat aux descendants du prophète, à sa mort. Avec Mu’âwîya, le califat passe de La Mecque à Damas, et c’est le début d’une puissante dynastie de l’Islam, les « Omeyyades ».

Mais le deal n’est pas très bon, car Mu’âwîya va intriguer pour que son fils Yazid puisse prendre sa succession, succession que Yazid va en effet revendiquer à la mort de son père, en 680. Ce mode de succession, fort « monarchique » provoque un mouvement de contestation, notamment chez les partisans d’Hussein, deuxième fils d’Ali, qui ne reconnaissent comme calife, que les descendants directs du prophète. Hussein va être encouragé à revendiquer le califat, et à s’opposer à Yazid, grâce surtout à des messages de soutien de la ville de Koufa, en Irak. Il se met « imprudemment » en route pour cette ville, avec 72 compagnons. Ils se feront tous massacrer à Kerbala le 10 octobre 680. A la fin de la bataille, Hussein, jusqu’alors épargné, sera décapité par un des lieutenants d’Azid. Les chiites en font porter l’entière responsabilité à Yazid, les sunnites considèrent que c’est l’œuvre d’un lieutenant trop zélé. Il n’empêche, Hussein va devenir un martyr, et la date de sa mort est commémoré par les chiites (l’ « assoura »). Elle représente pour eux la lutte contre l’oppression et les injustices. Kerbala devient un lieu de pèlerinage très important pour les chiites. Bien sûr, « l’histoire » de la religion musulman va se poursuivre à travers les siècles et subir bien des rebondissements, des scissions et autres luttes de pouvoir. Mais à la mort d’Hussein, tout est en place pour opposer deux « blocs », sunnites et chiites, dont l’opposition va traverser les siècles jusqu’à nos jours.

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bataille de Kerbala

Un mot tout de même, d’évènements qui se déroulent au début du 16eme siècle, en Perse. Les Perses ont été convertis à l’Islam, sunnite à priori, à la fin du 7eme siècle. En 1501 donc, pour se démarquer du sunnisme de l’empire Ottoman, ils instaurent le chiisme en Perse, comme religion d’Etat. Voilà pourquoi probablement encore aujourd’hui, l’Iran est le « berceau » du chiisme dans le monde musulman.

Alors, qu’est-ce qui oppose en définitive, sunnites et chiites ?

On vient de voir les causes « historiques » qui remontent donc à la « succession » de Mahomet. Cela a encore des conséquences aujourd’hui. Pour un chiite, l’imam est un « représentant » de Dieu sur terre, avec donc la notion de « clergé », très importante dans le chiisme. Chez les sunnites, l’imam n’est qu’un pasteur, homme parmi les hommes, il ne peut y avoir d’intermédiaire entre Dieu et les croyants. De mon point de vue d’« occidental », je serai tenté de trouver dans le chiisme, plus de rigueur, idée renforcée par cette culture du martyr, due aux évènements historiques que l’on vient de voir.

Si l’on parle maintenant du Coran, les choses se compliquent : pour les sunnites, c’est un texte divin, donc avec une liberté d’interprétation très limitée. Pour les chiites, le Coran est un livre écrit par les hommes, et l’ « interprétation » en est plus largement possible, d’autant qu’un « clergé » fort est là pour ça. Avec mes « clichés » d’occidental, le chiisme me semblerait cette fois plus dynamique dans la façon de vivre sa foi.

La vie d’un musulman est régie par un certain nombre de règles sur lesquelles je ne m’étends pas, ce serait trop long. Quand il y a discussion sur un point, non résolu par la lecture du Coran par exemple, il faut se réunir pour en discuter et arrêter une position.

Chez les sunnites, ce sont les « Oulémas » qui se réunissent : ce sont des théologiens, gardiens de la tradition musulmane certes, mais aussi bien souvent savants, puits de connaissances et indépendants du pouvoir de l’Imam, qui de toute façon a un pouvoir limité chez les sunnites. Chez les chiites, les Oulémas sont également présents, mais l’Imam doit nécessairement être parti prenante dans ce genre de débats, représentant qu’il est, de Dieu sur terre. Sur ce point mes « réflexes » d’occidental  me feraient rebasculer du côté sunnite. Je raconte tout cela avec un côté un peu « nature », naïf, et probablement en manque de moult connaissances supplémentaires qui me font défaut. J’entrevois qu’il est très difficile de s’engager dans cette discussion, pour un occidental, les « clés » pour la compréhension des choses ne sont vraisemblablement pas les mêmes.

Il n’en reste pas moins qu’il est très utile de réaliser que les imams chiites sont donc des personnalités religieuses très fortes et dissociées du pouvoir politique en place, même si leur influence est grande, c’est le cas de l’Iran actuel. Chez les sunnites, le pouvoir religieux et le pouvoir politique peuvent très bien se confondre, c’est le cas du Maroc, entre autre, mais aussi bien sûr, de l’Arabie saoudite. Evidemment, en Orient, tout est toujours plus compliqué. Prenons par exemple, l’Ayatollah Khomeiny, chiite, certes, il n’était pas premier ministre, mais ils les tous nommés !

Alors, pourquoi tout ce travail de recherche fastidieux ? Nos journaux télévisés sont remplis d’images de Syrie, d’Irak, d’Iran, du Liban, et ce encore pour des décennies. On nous raconte des histoires de guerres, de conflits, à n’en plus finir, et nous regardons tout cela sans comprendre grand-chose, il faut bien l’avouer !

Retournons maintenant en 1979. L’Ayatollah Khomeiny rentre en Iran et c’est le début de la « révolution islamique ». Les « évènements » d’Iran vont booster la mouvance chiite jusqu’à nos jours. Chez le voisin irakien, les chiites sont majoritaires, mais n’ont pas le pouvoir, confisqué par une main de fer par Saddam Hussein. D’un point de vue religieux, on peut considérer que Saddam Hussein s’appuie surtout sur les sunnites, minoritaires, tout en reconnaissant que son régime est avant toute considération religieuse, une bonne vieille dictature militaire. Il n’en reste pas moins que ces considérations religieuses vont refaire surface.

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Khomeiny

En 2003, les américains renversent Saddam Hussein, et dans la réorganisation du pays qui s’engage, ils vont confier le pouvoir politique aux chiites, qui vont s’empresser de confisquer tout pouvoir aux sunnites, en demandant aux anciens militaires de l’armée de Saddam, d’ « aller voir ailleurs ». Nous reviendrons en Irak tout à l’heure.

En attendant, nous voilà donc avec des chiites aux pouvoir, en Iran, et en Irak. En Syrie, ce sont des alaouites, par l’intermédiaire de la famille Assad qui sont au pouvoir depuis longtemps. Il faut remonter en 874 pour trouver les sources du mouvement alaouite qui devient progressivement une branche du chiisme, et qui représente une force politique aujourd’hui essentiellement en Syrie, bien qu’il soit minoritaire dans la population.  Des liens ancestraux existent de fait entre la Syrie et l’Iran, également entre la Syrie et l’Irak, bien que des explications plus précises puissent être nécessaire sur ce sujet, ce qui nous emmènerait beaucoup trop loin dans le cadre de ce texte.

Pour faire vite, Hafez el Assad en Syrie, et Saddam Hussein, en Irak, ont été les deux chefs de fil du mouvement « baasiste » dans l’après guerre, mouvement prônant la réunification des arabes, dans un esprit laïque, afin de court-circuiter tous les antagonismes religieux qui affaiblissent la « nation arabe ». Ces deux leaders ont pu être un moment une source d’espoir pour toute la jeunesse arabe, capable de tenir un discours fort face à l’hégémonie des occidentaux. Hélas, chacun se replia ensuite bien vite sur ses terres pour y conforter son pouvoir dans le cadre de bonnes petites dictatures militaires beaucoup moins enthousiasmantes.

1982 voit au Liban, la naissance du Hezbollah, mouvement d’obédience clairement chiite, financé tout aussi clairement par l’Iran, chiite, très mal vu dans les pays du golf, sunnites, où il est clairement soupçonné d’aider les minorités chiites dans leur lutte contre l’oppression, surtout à Bahreïn, où la part de la population chiite est importante, et là aussi, écartée du pouvoir.

Résultat des courses, cela nous donne dans le début des années 2000, une zone d’influence chiite, de l’Iran jusqu’au Liban, qui commence à faire bondir les grands bastions sunnites du golf, d’où pas mal de clés, même si ce ne sont pas les seules, pour espérer y comprendre quelque chose aux conflits syriens et irakiens actuels.

En Syrie, le pouvoir syrien bénéficie de la sympathie, et du soutien des chiites, notamment l’Iran et le Hezbollah. Les mouvements djihadistes présents sur le sol syrien sont sunnites, financés par des états sunnites, avec une lutte d’influence entre eux.

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 guerre en Syrie

En Irak, les populations sunnites, délaissées par le pouvoir en place, chiite, pactisent avec une nouvelle organisation de la mouvance djihadiste, « l’Etat islamique d’Irak et du levant », devenue depuis peu « Etat islamique » tout court. Même si au départ les cadres  de cette organisation ont pu être formés par des membres d’Al Qaïda, le divorce semble consommé avec cette dernière. Une des « fractures » reposerait sur le choix de l’ennemi prioritaire: pour Al Qaïda, les Etats Unis, l’Occident, pour l’Etat islamique, les chiites, on n’en sort pas !

L’ « Etat islamique », né en Irak, explose pourtant sur la scène internationale depuis la guerre en Syrie, où ses succès militaires finissent par gonfler le nombre de ses sympathisants, y compris parmi ses frères ennemis. Autant Al Qaïda était financé par des « subventions », autant l’ « Etat islamique » réutilise les bonnes vieilles recettes du passé, conquête de nouveaux territoires, puis « ponction » sur les richesses qui en découlent. Cette tactique semble « payante », c’est le cas de le dire, puisque plusieurs sources d’informations confirmeraient que l’ « Etat islamique » serait le « mouvement terroriste » le plus riche au monde à l’heure actuelle. Puisque nous en sommes à un retour au passé, restons -y. L’ « Etat islamique » a proclamé il y a quelques jours un « califat », comme au bon vieux temps, notion qui s’était pourtant perdue dans les méandres du démantèlement de l’Empire Ottoman en 1924. Le nouveau « calife » serait bien entendu le chef de l’organisation. Certes, les premiers califes étaient aussi des combattants de l’Islam, mais avec un pedigree intellectuel d’une toute autre envergure que ce nouveau « calife ». J’arrête là ces considérations car je n’ai pas envie de voir ma baraque exploser.

Combattants-l-Etat-islamique-d-Irak-Levant

combattants de "l'Etat islamique"

Ce petit voyage dans le monde musulman de ses origines à nos jours me montre que les luttes intestines n’en finissent jamais dans le monde arabe, et qu’elles empoisonnent en permanence toute tentative d’harmonisation, voire de paix.

Evidemment, nous autres occidents avons mis comme partout notre petit grain de sel pour ne pas arranger les choses, mais c’est de bonne guerre, et vu le côté ancestral de ces luttes, nous aurions torts de nous flageller à l’excès. Pour infos, citons tout de même, le coup de pouce des anglais au mouvement wahhabite en Arabie, dans sa lutte contre l’influence de l’Empire Ottoman, le coup de pouce français aux alaouites en Syrie dans l’entre deux guerre, pour contrer un sunnisme dominant, plus récemment le bon petit coup de pouce américain à l’Al Qaïda des débuts, en Afghanistan, pour bouter le russe dehors.

Je vois d’ici mes amis arabes réagir vertement : et la création de l’Etat hébreu, t’en fais quoi ? J’avoue, bien penaud, que je vais faire l’impasse sur le sujet, je suis suffisamment perdu comme ça. De plus, par souci pour mon intégrité physique, ça me paraît être un bon choix, car ce « champ de réflexion » a pour grand inconvénient de risquer de se faire tirer dessus, de deux côtés à la fois.

 Remarquons au passage tout de même, la singularité de la cause palestinienne : le mouvement Hamas  a pour origine, « les frères musulmans », sunnites. Il a été à l’origine, largement financé par des pays sunnites, les dynasties du golf. Les fonds viendraient désormais en grande partie d’Iran. On a là une exception, à savoir des chiites, finançant des sunnites. Notons encore que les palestiniens, malgré leur histoire très tourmentée, essaient de fonctionner en démocratie, d’organiser des élections, démocratie, saloperie occidentale vomie par tous les mouvements djihadistes.

Dans le merdier actuel, sans doute que nos « agents » trainent un petit peu de partout, en se satisfaisant peut-être d’un affaiblissement collectif du monde arabe. Il n’en reste pas moins que dans la période la plus récente, ce « monde arabe » donne l’impression de très bien se débrouiller tout seul, pour continuer indéfiniment à se mettre sur la gueule.

De quoi sera fait demain : les méchants chiites iraniens d’hier deviennent de plus en plus gentils. Certes ils ont du pétrole, donc des tunes, mais l’embargo pour leur histoire de nucléaire, les plombe pas mal. Avec les ricains, ça a l’air de s’arranger quand même un peu. Pendant ce temps, on continue à faire copain copain avec les émirats du golf, qui continuent à filer pas mal de pognon à de sacrés énergumènes, prêts à foutre le bordel un peu partout, bizarre, pas simple, ne serait-on pas entrain de mettre nos billes un peu dans les deux camps, et de se rassoir tranquille pour continuer à assister au massacre ? Affaire à suivre…

                       

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