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4 décembre 2023

Eh Manu, tu viens élaguer? Euh ouais mais pourquoi faire??

L’autre jour, une dame me demande : « j’ai des arbres chez moi ; il faudrait que je les taille mais je ne sais pas comment faire ». Nous sommes en 2023 et dans notre culture reste bien vivace l’idée que s’il on a un arbre dans son jardin, il faut un moment ou un autre, le « tailler » ou pire, l’élaguer. Traduction : un arbre dans la nature peut bien se débrouiller tout seul, mais si l’arbre est « dans son jardin », il faut donc nécessairement « faire quelque chose ».

Oh, en tant qu’ex-élagueur, je ne dis pas que je n’ai pas abondamment surfer sur ce réflexe primaire. « Bien Madame, je vais passer, nous allons voir ça ensemble ». Oui, effectivement, dans les couples, c’est le plus souvent la dame qui reçoit l’élagueur. Explications ? Y a-t-il un psy dans la salle ?

Ooh, je ne dis pas que dans un élan d’éthique irrésistible il ne me soit jamais arrivé de résister à la tentation et de déclarer à un futur non-client : « Ne vous inquiétez pas, il n’y a rien à faire ». Mais bon, dans bien des cas je trouvais bien quelque chose à proposer, histoire de rentabiliser ma visite gratuite alors que le chantier qui se présentait à moi serait lui bien payant.

Oooh, pas de cynisme démesuré dans cette histoire. Après tout, j’étais bien, moi aussi, conditionné sur le fait que ce serait utile de faire ceci ou cela à ce grand gaillard qu’on me présentait. Le client, enfin souvent la cliente donc, se sentait elle aussi rassurée par mes conseils et mes propositions d’intervention. Tout le monde était heureux, la vie était belle, j’étais l’expert, reconnu, considéré.

Tout cela pour dire que depuis la nuit des temps, la relation homme-arbre, c’est tenace, c’est coton. L’histoire commence dès le début, enfin dès nos débuts. Nous étions, comme on me l’a appris à l’école, des chasseurs-cueilleurs, donc des cueilleurs, donc des cueilleurs de fruits, fruits qui se trouvent le plus souvent sur des arbres. Nous allons aussi découvrir le feu, donc l’utilité du bois. Accélérons. Pendant pas mal de siècles, les arbres vont être pour nous des fournisseurs de « produits » : fruits, bois, balais, piquets, gourdins, fourrage, liège, je suis sûr d’en oublier un max… !

On est encore loin de l’utilisation de l’arbre d’un point de vue ornemental. Ce qui finira par arriver avec l’attrait du « jardin », du « parc », qui concernera surtout d’abord les élites, aristocratiques, puis bourgeoises, si je reste dans des considérations occidentales bien sûr. Encore que, logiquement, dans n’importe quel coin du monde, on peut raisonnablement penser que les pauvres aient eu d’autres chats à fouetter. Pauvres bêtes…jardinanglais_ninapaysage

Question arbre ornemental donc, en Europe, on est frappé par les orientations très distinctes prises par les anglais et les français. Vite, un psy ou un philosophe pour nous décortiquer tout ça. Dans leurs « parcs », les anglais vont beaucoup utiliser les arbres en forme libre, les laisser s’épanouir dans leur grandeur, leur majestuosité. Dans leurs « jardins », les français vont plutôt vouloir les domestiquer dans des volumes restreint en des formes géométriques strictes (carré, boule, plateau, etc…). La grandeur sera recherchée, non pas dans l’arbre seul, mais dans son utilisation en allées rectilignes très longues.6K7A4744

Question taille, on peut imaginer que les anglais n’aient eu du coup pas grand-chose à faire, à part peut-être supprimer des branches basses pour que l’on puisse passer sous les arbres. De toute façon, pour accéder à l’arbre à des niveaux supérieur, le matériel d’élagage ou les nacelles n’existaient pas encore. Côté jardin à la française, ce n’était évidemment plus du tout du même tonneau (ah ouais tiens, j’avais oublié les tonneaux… !). Construire une allée d’arbres en « têtes de chat » ou en « rideaux » nécessitait des tailles, déjà de formation dès leur plus jeune âge, puis une fois le gabarit atteint, des tailles répétitives fréquentes pour maintenir ces formes artificielles à perpétuité. Retenons donc que cette « gestion » était très consommatrice de main d’œuvre.thumb_1109_default_big

Petite aparté : c’est marrant parce qu’en sylviculture c’est un peu pareil. Pendant longtemps les français, rationnels au possible ont établi des sylvicultures, on va faire comme si puis comme ça, avant de s’apercevoir qu’en main d’œuvre ça allait leur coûter un bras. Donc il fallait ensuite dar dar trouver de la main d’œuvre à pas cher. Les Anglo-saxons regardent plutôt avant, combien tout ça ça va leur couter en main d’œuvre, avant d’établir une sylviculture. Fin de la parenthèse.

Un français a donc dans sa « culture » tous ces arbres maintenus dans des volumes réduits, conduits dans des formes strictes. De quoi largement l’influencer, le persuader que, qui dit arbre dit sécateur, voire scie, voire un jour tronçonneuse.

Et puis, et cette fois pour le commun des mortels, l’arbre « ornemental » est un concept finalement assez récent. L’arbre « fruitier » a des liens beaucoup plus anciens avec l’homme pour les raisons précédemment évoquées. Par conséquent, la « littérature » en matière de taille fruitière est beaucoup plus ancienne avec moult « précis », « guides », « manuels ». Pour m’être penché épisodiquement dans ma modeste carrière sur les tailles fruitières, j’ai toujours trouvé ça assez coton. Le fait d’avoir par ailleurs très peu de demande, ne m’a guère encouragé à investir le sujet. La taille fruitière s’adresse à des « tailleurs » qui maitrisent bien la chose. Des tailles et de la connaissance qui se perdent aujourd’hui. La « taille » dans les vergers industriels ressemble davantage à de la coupe au carré pour maintenir les… j’ai du mal à les appeler encore des arbres, dans des volumes faits pour faciliter surtout le ramassage des fruits. En fait, l’homme a compris depuis bien longtemps que faire souffrir un arbre favorise la fructification. On retrouve ce phénomène en forêt. Un peuplement en difficulté, pour des questions climatiques par exemple, va avoir tendance à booster sa production de graines. Les arbres ont donc une stratégie de pérennité au-delà même de leur propre vie. Respect.

En synthèse, un ou une française a donc dans sa « culture » que les arbres fruitiers ont besoin d’être taillés pour produire des fruits, et que même les arbres d’ornement ont besoin d’être taillés car on ne peut pas dignement les laisser faire n’importe quoi. Il faut garder le contrôle ! Encore une fois, psys et philosophes, à vos méninges !

Mais aujourd’hui, la donne a un peu changé. Pourquoi ? Et bien parce que tous ces concepts de taille ont été édictés à des époques où, certes on avait des connaissances arboricoles basées sur « l’observation », mais, depuis quelques décennies, on a maintenant à disposition beaucoup plus d’informations sur le fonctionnement des arbres, leur biologie, leurs mécanismes de défense, leurs stratégies qui s’avèrent complexes, sophistiqués, aussi bien individuellement que collectivement. Les tailles que l’on apprenait et reproduisait jusqu’à une époque assez récente avaient plus l’allure d’un catéchisme que l’on apprenait par cœur plutôt que d’être le résultat d’un raisonnement basé sur des connaissances biologiques réelles.

A l’heure actuelle, on parle donc de taille raisonnée. Question vocabulaire, c’est bien choisi car une fois que l’on en sait un peu plus sur « comment ça marche », il devient possible d’inscrire une taille dans un raisonnement.

Evidemment, il faut préalablement casser un mythe encore bien ancré. La taille ferait « du bien à l’arbre ». Il faut arriver à se convaincre, ce n’est à mon avis pas difficile, de voir à quel point ce concept est très présomptueux. Nous avons à faire à des êtres vivants, présents sur terre bien avant nous, avec des durées de vie très souvent bien supérieures aux nôtres, qui auront le plaisir de connaître nos enfants, nos petits enfants et j’arrête là. Comment imaginer une seule seconde qu’ils pourraient aller mieux grâce à nous coups de sécateurs, voire tronçonneuses.yTpZjImluZ_ApuZImRF2IpeNeus

La taille, rappelons-le encore une fois, c’est le moyen pour nous de faire en sorte de pouvoir cohabiter avec ces géants, soit effectivement en les empêchant de devenir géants, soit de garantir au mieux notre sécurité ou notre confort ou nos choix d’esthétisme en les transformant en « végétaux domestiques ».

En connaissant beaucoup mieux leur fonctionnement, leur physiologie, nous voilà en mesure de commettre le moins de bêtises ou de traumatismes possibles. Ce serait déjà pas mal… !

A ce stade de la bafouille, je pourrais balancer un petit cours de taille. Que nenni ! Fi ! Diantre ! Je me bornerais à refiler quelques règles élémentaires qui pourraient aider le « raisonnement ». Un, savoir ce que l’on va faire de cet arbre, dès sa plantation. Deux, savoir que l’arbre n’aime pas être taillé. Couper une branche, c’est créer une porte d’entrée. Les arbres détestent les portes d’entrée puisqu’ils s’échignent à les refermer. Trois, si taille il doit y avoir, la porte d’entrée doit être la plus petite possible et doit pouvoir se refermer rapidement. Ce qui revient à dire qu’il faut être dans l’anticipation permanente. Quatre, il est des saisons où l’arbre accepte plus facilement les portes d’entrée ou plutôt qu’il arrive mieux à les refermer. Cinq, au-delà d’un certain âge, l’arbre peine à refermer les portes d’entrée. Allez encore une pour la route : l’autre jour, ma coiffeuse me dit : « On fait les sourcils ? Vous les faites d’habitude ? ». « Non jamais ». « Bon alors on ne les fait pas car si on commence, vous serez obligés de les faire tout le temps ». Bon ben les arbres, c’est un peu comme les sourcils. Fastoche non ?

En conclusion, je dirais que plutôt que d’enseigner des méthodes de tailles en les enfermant dans des « recettes de cuisine » très strictes que les hommes* (souvent) ou les femmes (parfois) appliqueraient ensuite un peu bêtement sans réfléchir, il conviendrait de communiquer à tout stakhanoviste du sécateur ou de la tronçonneuse le plus d’infos possible sur le fonctionnement d’un arbre pour l’aider effectivement à inscrire son intervention dans un raisonnement qui doit bien sûr s’inscrire sur du très long terme vu la longévité des gaillards dont nous parlons.113634615-le-jardinier-coupe-le-sécateur-en-excès-de-branches-d-arbres-fruitiers

*Euh…ouais, là par contre, dans un couple, c’est souvent le mec qui veut tout tailler. Je ne sais pas trop pourquoi. Le psy est encore là ?miniatures-representant-des-grands-parents-dans-un-tronc-d-arbre-entoure-d-un-lierre-concept-r98461

 

 

 

 

 

 

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