Portes battantes

Portes battantes

Tout le monde voit bien ce que sont des portes battantes ? OK super ! Parfois très dangereuses, comme en cuisine, si l’un revient avec une pile d’assiettes ensaucées pendant que l’autre s’en va, avec son canard à l’orange… C’était juste histoire de déconner. Je n’ai jamais bossé en cuisine. J’imagine qu’il doit y avoir un code de la porte battante.

Bref, on voit l’idée. La porte battante s’ouvre dans les 2 sens. Version saloon, pas cons les gars, ils l’ont bien coupée à mi-hauteur histoire de gérer les éjections de saloon, bien connues des amateurs de western ou de Lucky Luke. Les chats aussi, avec leur chatière peuvent rentrer comme sortir en toute liberté.

En fait ce qui m’intéresse dans cette porte, c’est qu’elle permet bien le flux, à égalité dans les 2 sens. Quel flux ? Eh bien, je dirais le « flux d’intérêt » de l’un pour l’autre, et vice versa. Du coup, porte battante oblige. 

Si je raconte un truc à Gaston, que je ressens sa qualité d’écoute, disons moyenne, et dès que j’ai fini Gaston embraye en me disant « c’est comme moi quand j’étais à machin etc. ». S’il me fait le coup une fois, deux fois, trois fois, nous avons bien affaire à un flux qui ne se fait que dans un sens. Eh oui, car j’ai le malheur de lui donner l’impression que moi je l’écoute. Dingue que je suis, je pourrais même aller jusqu’à m’intéresser ! Mettons que je retente le coup encore une fois ou deux avec Gaston et que derrière, revers le long de la ligne ou smash à la volée, je me reprenne des « c’est comme moi quand j’étais chez ma sœur », on va dire que je classe l’affaire. Je fais installer une porte normale, qui ne s’ouvre que dans un sens, pour laisser rentrer Gaston. Une porte qui puisse quand même se fermer à clé. Je ne déteste pas les histoires de Gaston, en Grèce ou chez sa grand-mère. Mais oui, j’aime bien quand on s’intéresse un petit peu à moi. Le déséquilibre provoque à terme chez moi le désintérêt !

Tous les échanges de flux sont possibles. Ginette peut aimer m’appeler, me demander comment ça va, ce que j’ai envie de faire, ce que je vais faire, où je vais aller, dans quel état j’erre. Un peu gêné par ce déséquilibre qui se met en place, je m’empresse dès que possible de demander des nouvelles de Ginette à Ginette. Réponse : « oh moi ça va », « oh moi rien de particuliers », « oh moi pas grand-chose », le top du top étant le Ping Pong. « Ping Pong ? ». Oui tu sais, quand tu demandes à Ginette : « ça va ? », et qu’elle te répond : « et toi ? ». Autre cas de figure, différent certes, mais le flux là-aussi ne se fait que dans un sens. Pas de chatière non plus, et peut-être même pas de fermeture au cas où Ginette, un jour, allez savoir, n’irait pas bien du tout.

Bref, on pourrait dériver sur un nombre potentiel de cas de figures probablement illimité. Le top du top resterait bien la porte battante. Car, c’est tout de même une porte. Elle matérialise une limite, une frontière. Pourtant, si j’ai besoin de parler, l’autre est capable de se mettre en position d’écoute. Je suis bien sûr capable de faire de même. Equilibre parfait. J’en ai marre de parler ? Je ne ferme pas la porte, je vais faire un tour. Même le « bois sans soif » éjecté avec perte et fracas du saloon ne se prend même pas la porte dans la tronche !