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1 novembre 2020

Elagage et vocabulaire

C’est aujourd’hui dimanche tsoin tsoin… ! Allez, on pose un peu la tronçonneuse et on s’éclate dans le vocabulaire.

Un arbre se présente à moi. Oui, je sais, en général, c’est plutôt le contraire… Bref ! Je lui coupe une branche. Pas gêné le mec ! Ça s’appelle de l’ « élagage », terme générique pour dire qu’on coupe une branche sur un arbre debout, vivant quoi. Enfin…, même s’il est mort, s’il est debout, c’est toujours de l’ « élagage ».

Maintenant, si je le coupe, en entier je veux dire, si je le mets par terre, si je « l’abats » quoi (purée c’est horrible comme terme !), et que après je lui coupe une branche, là je fais de l’ « ébranchage ». Même si la branche est encore verte, donc vivante, c’est de l’ « ébranchage » quand même. Bien.

Donc, arrêtons de déconner. Faire de l’élagage, c’est couper des branches sur un arbre vivant. Ouille, purée, ça doit faire mal ! Est-ce que l’arbre a mal ? Hum, il semblerait que les progrès exponentiels de la science ces dernières années finissent par nous dire oui. Mon formateur à l’époque me disait déjà : « attention, vous coupez du vivant ! ». Je n’étais encore pas trop sensible. Alors j’ai continué à couper quand même.

J’aurais pu tout arrêter. Trop cruel le truc. J’aurais pu aller faire le boucher. Ben oui, là au moins je n’aurais taillé que du mort. Et puis, dépecer la bête, c’est tout un art. Tant que le mot « art » est bien vivant, même pour une nature morte, il y a du beau. La boucherie, c’est de l’art, et parfois du lard (oui je sais, c’était facile !).

Je suis donc parti couper du vivant pendant plus de vingt ans ce qui m’a permis de mettre du lard dans les épinards. Je suis devenu « élagueur ». Eh ben oui, ce mot « élagage », sans, on l’a bien compris, connotation technique très précise, a pourtant donner naissance au nom de mon métier. Reconnaissons que dans le monde des mots, « élagueur » a bien trouvé sa place.

Oui, je sais, de petits jeunots aujourd’hui essaient de rivaliser. On entend parler d’arboristes, d’arbos (plus branché). Mais dans le monde des mots, ces jeunots continuent d’être pris pour de petits joueurs.

En fait, même « élagueur » est un métier assez récent. Dans le monde « d’avant avant », les gars qui montaient dans les arbres étaient de sacrés casse-cou. Ceintures en cuir, longes en chanvre autour du tronc, galoches au pied et vas y que j’te pousse. Les candidats n’étaient pas très nombreux. On oublie que régulièrement, un « botteur », un « monteur », un « grimpeur », tombait et …mourrait.

Arrivent dans l’après-guerre, les nacelles et les tronçonneuses. Les premières facilitent l’accès à la hauteur. Les secondes rendent la coupe moins crevante que les haches, scies, serpes. Résultat, des gars se lancent dans l’ « élagage », au vrai sens du terme, puisque que leur but est de couper des branches sans plus de précision. Ça nous donnera les grandes heures de la « taille radicale » ou encore « taille drastique ».

Disposait-on pour autant d’un savoir scientifique sur les arbres ? On pourrait répondre oui et non. Oui, puisque des ouvrages, remontant même jusqu’au 18eme siècle existaient et expliquaient le concept du bourrelet cicatriciel, et certains préceptes de taille. Non parce que ces ouvrages étaient loin d’être grand public, et certainement pas dans la bibliothèque de nos apprentis élagueurs, si toutefois ils disposaient d’une bibliothèque !

Et là, ouf, mise en place au début des années 80 des formations d’élagueurs en France. Formations sanctionnées par un certificat : le CS « taille et soins aux arbres ». Vous avez vu ? Le mot « élagage » est proscrit. On va désormais parler de taille. Car la « taille » est un mot intelligent lui. Qui dit taille, dit consignes de taille, préceptes de taille, objectifs de taille. Une taille est la traduction d’un raisonnement.kit-elagage-special-ecole-apprenti-elagueur-taille-soin-des-arbres

D’ailleurs, on finira un jour par parler de « taille raisonnée », terme quelque peu absurde puisqu’une taille, de par l’essence même du mot « taille », est raisonnée. Passons sur l’expression « taille radicale » qui tient du génie, puisqu’elle permet de labelliser comme « taille » tous les plus gros massacrages d’arbres.

Il y a bien eu cette première tentative de « ligne Maginot » avec l’expression « taille douce ». Mais là encore, pas de connotation technique précise. Plus une histoire de mode, d’air du temps. Tout devenait doux : les médecines douces, la gymnastique douce, etc… Résultat, les entreprises de « tailles radicales » ont rajouté les « tailles douces » dans leur catalogue. « Eh Gilbert, sur le devis, j’ai mis taille douce, alors tu vois, t’y vas pas trop fort… ».

On est donc arrivé à l’appellation « taille raisonnée », résultat d’un raisonnement. Personnellement je préfère tellement le mot « taille » tout court, simple, humble, et évidemment fruit d’un raisonnement sans en faire des tartines…unnamed

Dans ce contexte, il était normal qu’un jour ou l’autre, le mot « élagueur » se fasse attaquer. Parmi les « élagueurs », on a aussi tous les « massacreurs ». Au vieux temps du CS taille et soins aux arbres (sans trop s’attarder sur ce qu’en entendait par soins…, bref !), on nous appelait les « grimpeurs élagueurs ». Le « CS » entrait en guerre de religion. Les gentils, c’étaient les grimpeurs. Les gars dans leurs nacelles étaient les méchants. Epargnons-nous les grands débats d’antan le soir à la veillée sur « la nacelle ceci » ou « la nacelle cela ». Notons juste que pour un accès en bout de branche (si accès nacelle il y a oui je sais !), la nacelle c’est quand même pas mal. La guerre entre nacelle et sac de grimpe était un peu débile car le nœud de l’affaire, c’est bien la taille pratiquée. Aujourd’hui encore, un p’tit gars en CS peut très bien suivre sa formation sans jamais mettre les pieds dans un bac de nacelle…1ab5c4d2422a

Grimpeur élagueur, c’était donc le gentil. Mais dans « grimpeur élagueur », il y avait encore « élagueur ». Il fallait donc remettre le nez dans le dictionnaire. Nous sommes donc devenus des « arboristes ». Oui, mais « arboriste » a une connotation de technicien, de spécialiste de l’arbre, de son suivi, de sa gestion, de sa santé, sans forcément avoir à monter dedans et à fortiori réaliser des « tailles ». Il fallait affiner. Pour nous « grimpeurs élagueurs », ce sera donc l’appellation « arboriste grimpeur ».

Seulement voilà, on ne fait pas sa place comme ça au panthéon des noms, et c’est bien le problème de cette appellation. Pour le grand public nous restions bien toujours des « élagueurs ». « Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». « Je suis élagueur ». Point.

Et puis, il y a 2 ans, réforme du « CS ». Le CS « tailles et soins aux arbres » devient le « CS arboriste élagueur ».Hum… Décortiquons : donc le mot élagueur refait son apparition. C’est un peu un retour des pieds sur terre ! « Eh les p’tits gars, arrêtez un peu avec vos appellations à vous la péter. Vous êtes quand même des ouvriers à qui on demande d’aller couper des branches dans les arbres OK ? ». Mais en même temps, on garde quand même le mot « arboriste », histoire de dire que les p’tits gars connaissent quand même un peu les arbres et qu’ils peuvent faire du conseil.unnamed (1)

On en est là. Maintenant, moi, en vérité je vous le dis, voilà ce que je pense de tout ça. Commençons par la fin : « arboriste élagueur », c’est de l’hypocrisie totale. Le p’tit gars que son patron envoie dégager les lignes électriques, c’est sûr qu’on peut lui dire « toi t’es élagueur, alors va couper les branches et m’emmerde pas avec ton « arborisme ».

De toute façon « arboriste », ça ne me plaisait pas des masses. Pour s’en sortir on faisait la distinction entre les arboristes « grimpeurs » (aujourd’hui « élagueurs » !) et les arboristes « experts », qui eux sont des techniciens, avec une formation scientifique, des gars qui, au passage, sont censés assurés grave car il faut du bagage : botanique, biologie, parasitologie, entomologie, dynamique, pédologie et j’en passe. Même avec un « CS » et une forte passion « arboricole », je ne me suis jamais fait appeler « arboriste » même « grimpeur ».

Vous vous rappelez au début de mon goût sans restriction pour le mot « taille », tout court. Pour savoir comment je m’appelle, c’est pareil. Je suis un « élagueur » et ça me va très bien. Peu importe le mot. Ce qui compte, c’est bien les tailles pratiquées, avec des pratiques de tailles constamment en évolution, voire remises en question jusqu’au concept de non-taille qui est loin d’être le moins inintéressant. Hum…, passionnant tout ça, affaire à suivre !

chêne-de-tombeboeuf1

 

 

 

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