support pédagogique

Il y a trente ans, oui je sais je ne suis plus tout jeune ça va !, quand on était « formateur », enfin… prof quoi !,  dans un bahut technique, et que l’on « faisait cour en classe », on préparait son …cours, évidemment. Les cours écrits de certains « profs » étaient aussi propres qu’un livre. Mais chez beaucoup d’autres, ils finissaient par ressembler à un champ de bataille, avec des rajouts, des ratures, des annotations de partout, des renvois que sais-je. C'était peut-être un cliché mais à mon avis, plus le « prof » avait les cheveux hirsutes, plus son cours écrit devait ressembler à Nagasaki en 45 bien parfumé aux taches de café. Normal, le « prof » passait son temps à peaufiner, améliorer, ripoliner, repasser, ressasser son cours. Jusqu’au un jour où il parvenait au nirvana du cour. Mais ça ne durait pas. Le nirvana redevenait vite ennuyeux. Les élèves préféraient de nouveau aller jouer dans la cour. Alors il repeaufinait et ça repartait pour un tour.   

Ça ne perturbait en rien le « rendu » auprès des élèves qui recevaient toujours la dernière mouture de cette sculpture jamais définitivement ciselée. Ce rendu, le prof l’écrivait au tableau. Ou alors, avec des élèves plus aguerris, les chérubins prenaient des notes. OK ? Compris ? Bien, alors maintenant passons en 2019.

En 2019, les « apprenants » (ouais c’est un des noms employés, c’est pas très beau hein ?!!) ne veulent plus écrire, ne savent plus écrire, écrivent comme des cochons, enfin bon n’écrivent plus. Ok, donc il faut leur remettre des « supports pédagogiques » tous faits. En plus maintenant, c’est la loi. Ces « supports pédagogiques » deviennent des documents officiels qu’un centre de formation peut être tenu de présenter s’il veut continuer à être un « centre de formation ». Donc là, c’est pas le moment d’aller le trifouiller toutes les cinq minutes. En plus, dans une école, il s’agit de bien avoir tous le même support pédagogique entre formateurs qui feraient la même formation. Sinon ça fait désordre.   

Alors, est-ce à dire que le « prof » comme dans l’ancien temps qu’aimait bien rebricoler son cours sans arrêt, serait « cadenasser » par cette histoire de support pédagogique ? Et bien, à mon avis pas temps que ça.

Le  « support pédagogique » dont on nous parle, dans l’esprit de la loi, c’est un document, un livret si l’on veut, que l’on remet à l’apprenant pour qu’il retrouve ce que le formateur lui a raconté pendant sa formation. Par définition c’est un document qui dans sa forme est adapté pour la lecture le soir, ou plus tard un jour à la maison. Et puis, il doit plaire aussi à ceux qui demandent ces supports, c'est-à-dire l’acheteur, pour une boite privée, ou le représentant du ministère pour les formations scolaires officielles. (Entre nous, sur certaines formations, le taux d’apprenants relisant un « support pédagogique » doit être absolument prodigieux !). Mais enfin bon, c’est la fonction du support. Par définition toujours, ce support n’est pas très « fonctionnel » pour une utilisation lors d’un exposé en classe. Là, il faut plutôt du vivant, du qui favorise la participation, la communication, les échanges. En clair, des dessins, des photos, des vidéos, des messages choc. Surement pas des phrases, des 1°), 2°), A, B, a, b, c et j’en passe…

Donc aujourd’hui, à mon avis toujours, le formateur a 2 solutions pour son exposé en salle (ouais on ne dit plus « classe », c’est ringard).

-         Soit il utilise le support pédagogique, donc le même support qu’il remettra aux apprenants en fin de formation. Il a, à ce moment là, plus intérêt à le présenter, expliquer aux gens ce qu’ils vont trouver dedans plutôt que leur lire. Là, on pourrait friser le soporifique.

-         Soit il se crée un support perso « spécial oral », respectueux du programme de la formation mais présenté de façon adaptée à un exposé oral. Ce travail de préparation redeviendrait un travail personnel, adapté à la personnalité de l’enseignant, à sa façon propre d’enseigner, de communiquer, bref de travailler. Et il pourrait à loisirs y retoucher autant qu’il veut en fonction  de ce qui aurait marché ou pas devant un public. Enfin de formation, il communiquerait bien aux stagiaires le support pédagogique, document officiel, le même pour tous.

Conclusion. Que tous les apprenants du monde se retrouvent tous avec un beau « support pédagogique » à l’issue d’une formation : oui. Que les formateurs soient tous en train de lire devant des publics toujours le même document standardisé sans trop le faire vivre : bof. Résultat des courses : j’ai très envie de mettre en pratique et me refaire mes trucs perso, le plus adapté possible à un exposé en salle.