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17 mai 2014

Accès à l'arbre

Le grimpeur élagueur passe son temps à voir les choses de haut; après toutes ces années, ça laisse des traces...! Désolé pour la longueur...!

 

Accès à l’arbre

 

Parmi les « métiers de l’arbre », deux sont très connus du grand public. L’un depuis longtemps, c’est bucheron. L’autre, plus récent, mais de plus en plus connu lui aussi, élagueur. En fait, ces deux métiers se rencontrent très peu sur « le terrain ». Le bucheron se trouve dans la forêt. L’élagueur est le plus souvent dans des arbres proche de l’homme, dans les parcs, les jardins, les avenues, les routes. L’élagueur est parfois moqueur, devant la rusticité du bucheron, qui n’aime pas s’encombrer d’artifice, de matériel à outrance. Il ne devrait pas. Le bucheron doit s’aventurer au beau milieu de la forêt, dans des coins souvent difficiles d’accès, sa monture doit rester légère, pour ne pas gêner sa progression, et son rendement, bucheron beaucoup plus qu’élagueur est un travail de rendement. Le bucheron aime cette simplicité que constitue ce trio, à partir duquel tout se fait : l’arbre, le bucheron, et la tronçonneuse. Le bucheron est parfois moqueur, face à tous les artifices qu’utilise l’élagueur. Confronté par curiosité à tous ces matériels, il ne s’accoutume que difficilement de tous ces cordages, mousquetons, harnais, qui sont autant d’entraves à sa liberté perdue.

Pourtant, l’équipage de l’élagueur reste assez simple, lui permettant de respecter quelques règles nécessaire à sa sécurité, d’homme travaillant en hauteur, règles que nos allons parcourir ensemble.

L’élagueur doit toujours avoir deux systèmes d’assurance. Pour aller plus loin, il faut parfois se couper d’un lien existant. On ne peut le faire qu’en créant au préalable un autre lien un peu plus loin, tout faire avec un seul lien nécessite de se détacher, et donc de se mettre en danger, le chiffre deux fait donc partie de la vie du grimpeur. Cela pourrait constituer une règle universelle. L’homme quittant une place sûre, sans garantie concernant sa prochaine destination se met temporairement en danger.

2 ancrages 001

Un de ces liens est une corde de rappel, suffisamment longue. Bien que s’aventurant très haut, le grimpeur doit pouvoir revenir au sol le plus rapidement possible, tout grimpeur qu’il est, il sait qu’il n’est en sécurité absolue que sur la terre ferme. Pouvoir revenir très rapidement dans un lieu sûr, peut être aussi un concept tout à fait universel.

corde de rappel 001

Pour travailler dans l’arbre, il doit trouver un point d’ancrage, qui sera la base de tout. Placé trop haut dans l’arbre, ce point ne sera pas forcément assez solide, trop bas, il ne lui permettra pas d’aller partout, ou alors avec plus de difficulté. Cet ancrage devra être orienté en fonction des destinations futures. Comment ne pas faire le rapprochement avec notre propre existence. Il faut parfois si nécessaire modifier un point d’ancrage mal positionné.

Partant de ce point d’ancrage, l’élagueur va donc pouvoir «  voyager » dans l’arbre. Il est parfaitement en équilibre, quand il est à l’aplomb de ce point, n’obéissant qu’à la force de gravité. A ce stade, géométriquement parlant, il n’utilise que « la droite ». Il va cependant utiliser sa corde de rappel pour s’écarter de cette verticale. La « réglementation » lui dit qu’il sera en sécurité jusqu’à ce que sa corde fasse un angle de 45° par rapport à la verticale. C’est une valeur abstraite, presque arbitraire, mais intéressante dans la mesure où 45° est pile poil la moitié de 90. Mathématiquement, la zone de danger est donc égale à la zone de sécurité, ce côté « moite moite » me plaît assez, philosophiquement parlant.

Passé les 45°, le grimpeur doit donc créer un deuxième ancrage, constituant ainsi un triangle, formé de ces deux points d’ancrage et de lui-même. Dans un premier temps, on a surtout utilisé une longe courte comme deuxième ancrage. Elle ne permettait que la création d’un triangle très plat, avec de nombreux inconvénients : la répartition du poids de l’homme de façon harmonieuse sur ses deux ancrages se fait mal, le grimpeur se retrouve à exercer sur la branche un « poids » important, ce qui peut dans le pire des cas, la casser ; pour s’aventurer loin sur une branche, il faut changer souvent son ancrage « de longe », et donc la détacher temporairement.

rappel+longe 001

Dans les années 2000, on nous a apporté la solution, c’était tout bête. On prenait l’autre bout de notre corde pour se faire une deuxième corde de rappel. On pouvait alors constituer des triangles plus équilibrés en angle, et obtenir des stabilités très agréables. Avec « un », on créait « deux ». Le fait d’utiliser sa corde en « double », ne permettait plus de descendre jusqu’au sol, sauf d’avoir une très longue corde. Le « U » créé par les « deux cordes » sous le grimpeur devenait source de danger, réceptacle potentiel de branches ou de billons coupés.

double rappel 001

« La réglementation », entité froide et impersonnelle, trouvait aussitôt la parade, il faudrait utiliser des longues cordes. Je suis contre cette idée, car elle oblige à passer la journée avec une longue corde, ce qui est très pénible, nerveusement et physiquement. Et puis, c’est toute notre existence qui est ainsi : le grimpeur installe son double rappel pour gagner en sécurité et en confort, tout en sachant que temporairement, il ne peut revenir au sol, il le fait en toute connaissance de cause, jaugeant de façon maitrisée les avantages et les inconvénients de la situation. La sécurité devient une affaire d’intelligence, plus que le respect de règles dogmatiques. Les expressions populaires pour illustrer le propos ne manquent pas : « on ne peut pas gagner sur tous les tableaux », « de deux maux, il faut choisir le moindre », « savoir faire la part des choses », etc.…

Pour celui qui aime faire fonctionner sa cervelle, le double rappel est formidable, car le cheminement du grimpeur dans l’arbre devient une partie « de dame », où il faut anticiper ses « coups » longtemps à l’avance. Je vois que si tout à l’heure je veux être en C, il me faut dès maintenant aller installer un ancrage en B. Le grimpeur qui utilise son cerveau, repose ses muscles, c’est un petit exercice de stratégie en continu, passionnant.

Le double rappel offre une stabilité au grimpeur tant qu’il travail dans une zone peu éloignée d’un plan constitué de deux droites, comme tout plan qui se respecte, droites représentées par ses deux cordes. S’il s’éloigne trop de ce plan, il peut à nouveau perdre le confort de l’équilibre. Il peut alors avoir recours, ce qui est très exceptionnel, à une autre corde, pour installer un troisième ancrage, constituant ainsi cette fois une pyramide à trois faces, ce qui le met dans un confort absolu pour évoluer dans un espace correspondant à cette pyramide.

3 ancrages 001

Jouant sur le placement de points d’ancrage successifs, le grimpeur s’offre la possibilité ainsi de pouvoir visiter l’arbre dans son ensemble, dans un confort qui participe à sa sécurité, et à l’économie de ses forces. Grâce à son intelligence, il réduit considérablement les situations d’instabilité, supprimant ainsi les moments de tension, grandes sources de fatigue, nerveuse et musculaire.

Pour en revenir à nos amis bucherons, je dois dire que j’aime tout autant ce métier, où il faut aussi gérer des situations extraordinaires, en faisant d’abord marcher sa tête. Se débrouiller avec presque rien, une tronçonneuse, quelques coins, et surtout l’observation de l’arbre, travailler avec son penchant, son poids, son essence, la nature de son bois, dur, tendre, souple, nerveux, la santé de l’arbre, sain ou fatigué. Ensuite, utiliser ses observations, pour aboutir à une direction de chute, grâce à une bonne pratique des phénomènes de charnière.

Je voudrais leur dire que notre métier repose sur cette même exigence de simplicité, où nous allons puiser dans quelques concepts mathématiques de base, tels que je les ai décrits, la droite, le plan, le triangle, la pyramide. Je terminerais en disant que cette gravité, qui nous fait tant souffrir, durant nos ascensions, au point parfois de nous donner envie de savoir voler, est source de plaisir, car elle permet, utilisée à bon escient, de faire de merveilleuses évolutions avant de nous ramener sagement sur le plancher des vaches, que nous retrouvons là aussi avec beaucoup de plaisir.

Liens livres: TheBookEdition

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