Booking blues
Dans mes pérégrinations, je me suis retrouvé un certain nombre de fois dans un hébergement « Booking ». Qu’entends-je par là ? Je suis souvent en déplacement, la plupart du temps à l’hôtel. Mais parfois, je suis « logé » chez l’habitant dans une « chambre d’hôtes » dira t-on, via Booking donc. Pratiquement à chaque fois, je ne m’y sens pas bien. Pourtant, tout est là : un lit pour dormir, une salle de bain, un coin cuisine et un coin canapé pour regarder la télé, la base pour l’homo occidentalis moyen quoi.
Alors qu’est-ce qui ne va pas m’interroge ? Et comme hélas j’ai un cerveau qui aime comprendre, il cherche. Je pense avoir trouvé !
D’abord, rappelons que Booking, ça n’est pas forcément une chambre d’hôte. Beaucoup d’hôtels ont des chambres « Booking ». Si l’ensemble des chambres d’un hôtel est homogène, pas de souci. Si certaines sont, plus petites, au dernier étage, pas encore rénovées, alors vous avez là les chambres « Booking » de l’hôtel. C’est de bonne guerre. Je ferais pareil. Car dans cette histoire, l’hôtelier cherche plus à ne pas perdre qu’à gagner, car celui qui gagne c’est… ? Booking ! Vous suivez, c’est bien.
Les chambres d’hôtes ? Curieux, Booking veut à tout prix nous les faire confondre avec des hôtels. Car c’est Monsieur Booking qui choisit le nom bien sûr. Alors, il se veut poète : « auberge » du machin truc, « oasis » des bords de machin chose, gîte de la petite truc, « ermitage » de la montagne de chose. Un poète vous dis-je !
Revenons maintenant à mes studios « Booking » dans lesquels je déprime sans raison. En fait, si l’on prend tous les « lieux à habiter », il y en a de 2 sortes : les lieux que vous aménagez en pensant que vous allez y vivre, et les lieux que vous aménagez en pensant que vous allez les louer. On trouve dans les studios « Booking » d’anciennes remises à outils, débarras, garages. Très bien rénovés, encore une fois ce n’est pas le problème, mais qui, dès le départ, sont destinés à la location.
C’est de l’ordre de l’énergie, des ondes, je ne saurais mieux l’exprimer. On ressent comme une absence de vie, c’est mort, c’est creux, c’est vide. La poêle pour les œufs au plat et la casserole pour les pâtes n’y changent rien.
Oui mais une chambre d’hôtel, surtout un hôtel « de chaine », le weekend, pas très excitant me direz-vous ? Curieusement, c’est différent. Même d’un couloir d’hôtel vide, il émane quelque chose. Ces quelques « voitures éparses » sur le parking, qui sont-ils ? Cette femme de ménage quasiment jamais française, d’où vient-elle ? Ces quelques mots échangés avec le gardien, lui aussi nomade autant que vous où milieu de nulle part. Presque déjà de quoi raconter une histoire.
Et puis, avec Booking, plus besoin d’échanger de l’argent, à peine besoin de faire visiter. Le balai est là, l’aspirateur, la serpillère, pour le suivant. Je monte vite dans ma voiture. Les clés ? Dans la boite aux lettres. Je m’enfuis !