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11 mars 2020

Question de vocabulaire

Aujourd’hui, quand on est formateur forestier, ce qui est le cas de votre serviteur, difficile de passer à côté, à un moment ou à un autre, d’une interpellation de la part d’un de vos interlocuteurs :

-         C’est quoi cette histoire de permis tronçonneuse ?

On peut noter d’entrée de la part dudit interlocuteur l’emploi d’un ton, au mieux coloré d’une certaine ironie, au pire teinté d’une légère agressivité.

En fait, il y aurait bien à l’origine de ces réactions guère bienveillantes, une question de vocabulaire. A l’origine justement ce « permis tronçonneuse » est une initiative européenne. Trop long pour vous expliquer la genèse du truc, mais la « langue » européenne, pour qu’on se comprenne bien tous, c’est l’anglais. Par ces temps de breaksit, avouez que c’est cocasse. permis_tronconneuse-300x300

Ce « permis tronçonneuse », européen donc, a pour nom « European Chainsaw Certificate ». Je saute donc sur mon premier site de traduction pour faire la conversion, ce qui me donne instantanément : certificat européen de tronçonneuse. Je plonge sur le premier dictionnaire de synonyme qui me tombe sous la main pour voir tous les synonymes possible pour le mot certificat. Le bouquin ne veut pas en démordre : un certificat, c’est un certificat. Un machin qui certifie quelque chose, en l’occurrence que l’on se sait se servir d’une tronçonneuse. 15-261_1

Alors, me direz-vous, comment ce « certificat » européen serait devenu miraculeusement, linguistiquement parlant, un « permis » en français. Eh bien, chers amis, désolé de ne pas pouvoir assouvir votre curiosité, mais je l’ignore. A défaut, essayons d’expliquer la chose.

Permis, ça fait penser aussitôt à permis de conduire. D’où, confusion dans les esprits : pour utiliser une tronçonneuse, il faudrait un permis. Et là, c’est le buzz. Le petit génie à l’origine de cette traduction exulte. Le mot « permis » frappe les esprits. On en parle. Eh oui, depuis qu’on a mis les 2 pieds dans le monde de la « com », le principal, pour n’importe quel sujet, phénomène, homme, femme, fait, c’est qu’on en parle.

Oui, c’est vrai, à ce moment là, on en a parlé. « Purée, un permis tronçonneuse maintenant… ! ». « Et pourquoi pas bientôt un permis disqueuse, fraiseuse, débroussailleuse ! » Je ne résiste pas à vous faire part du must : « A quand le permis pour aller pisser ? ». Comme vous le constatez, on en a bien parlé. Vous noterez que le buzz n’est pas forcément synonyme de pub positive.

On peut expliquer ce rejet. L’Homo occidentalis de 2020 croule sous les règlements, intérieurs ou pas, les modes opératoires, les protocoles, les fiches à remplir et les normes, les normes, les normes. Il est pris entre 2 feux : oui aux améliorations, à la sécurité, à l’amélioration de la sécurité, non à tous ces liens qui l’entravent. Il étouffe. Sa réaction n’est plus rationnelle, elle devient carrément « psy ».

Un « certificat tronçonneuse » n’aurait pas forcément fait le buzz. Probablement pas. Mais c’était une traduction fidèle. Comme quoi, la fidélité… Et puis, quand on fait des choix de vocabulaire, il vaut mieux assumer jusqu’au bout. Un « permis », comme le permis de conduire, induit bien souvent une obligation. Or le permis tronçonneuse n’est pas obligatoire. Il aura du mal à le devenir face à la saturation d’Homo occidentalis évoquée plus haut. Donc ce permis n’est pas un permis. Ça pourrait lui coûter cher. C’est dingue de voir qu’on ne peut pas trop jouer avec le vocabulaire. 

MS-261-C-M-490x170_rdax_90

Vous vous dites, ce gars-là, il n’aime pas le permis tronçonneuse. Détrompez-vous manichéen que vous êtes. Ce « certificat » tronçonneuse, c’est un petit examen qui permet de valider votre niveau en tronçonneuse, et c’est le même dans maintenant un certain nombre de pays européens. Mais voilà, pour que ça "prenne", il vaudrait mieux que ce certificat soit passé par beaucoup de gens. Le succès du produit, ça passe par de bons chiffres, c’est la loi de l’époque.

Les chiffres, aaaah les chiffres. Vous avez vu, à la télé, partout, il y a tellement de chiffres. Là- encore Home occidentalis est saturé, il ne les écoute plus. Et pourtant, dans notre petite histoire de permis tronçonneuse, les chiffres comptent, et il y a un moyen bien sympathique de les faire grimper. Les écoles forestières ont l’exclusivité pour faire passer ce permis. Y aurait-il entre elles la tentation d’être le meilleur élève de la classe ? Toujours est-il qu’il est tentant de faire passer ce permis à tous les élèves justement, en plus de leur CAP ou BPA, ou BAC PRO. 15-57

Au niveau connaissance de la tronçonneuse, c’est un peu kifkif. Oui mais d’un côté il y a des diplômes qui sanctionnent des formations qui durent plusieurs années. Hélas, ces diplômes ne sont que nationaux. Alors qu’un permis tronçonneuse, avec formation d’un ou deux jours, lui il est européen, oui Monsieur, c’est quand même autre chose.

On voit à quel point le mot certificat serait plus adapté pour un élève. Il ferait tranquillement sa formation « national », et en fin de parcours, il tenterait de décrocher ses certificats européens, comme des cerises sur un gâteau.

Le permis ne décolle pas vraiment dans le monde professionnel, encore une fois parce qu’il n’est pas obligatoire et qu’il aura du mal à l’être. Alors on tente de le faire passer à tous les élèves dans les écoles, pour avoir de bons chiffres, pour qu’à l’arrivée ce permis soit une réussite, et acquiert ces lettres de noblesse, reconnu pour sa valeur dans toute l’Europe. tronconneuse

 Les beaux projets qui ont sombré corps et âme sont légions. Ça sédimente dur au fond des mers. Au diable les buzz, la com. Appelons le tranquillement certificat. Et ayons le courage de l’exiger dans certaines situations professionnelles. Au train où vont les choses en forêt, ne nous cachons pas derrière les arbres. Il faudrait le traduire en turc, polonais, tchèque, roumain, arabe. Et que dire des candidats qui ne savent pas lire ?

Que va devenir cette belle idée européenne ? Réponse dans une dizaine d’année probablement !

tronconneuse_permis-300x207

 

 

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Commentaires
B
bjr, waou . Prenez soin de vous et de vos proches.
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