Sortez casqués !

On se fait un petit brief « casques » ? OK, tout le monde sait que le casque est un des grands classiques de la famille des EPI (Equipement de protection individuel). Oh je ne vais pas partir sur un cours complet sur tous les casques existants pour tous les métiers qui en utilisent. De quoi vous cassez la tête vous qui n’êtes pas casqués.

Tiens d’ailleurs, petite anecdote. Vous savez que j’ai fait dans mon jeune temps un chantier d’élagage chez Lubrizol à Rouen ? Si si j’t’assure ! Pour passer d’un bâtiment administratif à un autre bâtiment administratif, il fallait un casque sur la tête. T’imagines la secrétaire qu’a oublier son casque et que le responsable sécurité lui tombe sur le dos (ben ouais pas sur la tête) et lui dit d’aller le rechercher et que la nana réponde : y a pas l’feu ! Sans commentaire… Eh oui, en matière de sécurité, c’est un sacrilège de le dire, mais on marche (des fois !) sur la tête. Mais bon sang mais c’est bien sûr ! C’est pour ça qu’il faut un casque, et avec jugulaire bien sûr ! Pour cause de tête à l’envers…  

Assez rigolé : on ne badine pas avec la jugulaire sous le menton. Pour en revenir à mes métiersde prédilection, nous avons donc, à ma droite, à tout seigneur tout honneur, le casque bucheron. Il doit répondre à la norme EN 397 ! Bigre… Bon, allez, pour celui qui se serait aventuré sur ce blog pour avoir des infos sérieuses, je veux bien faire un effort.

Il doit pouvoir absorber les chocs jusqu'à 5 kN (1 daN ≈ 1 kg ; 1 kN ≈ 100 kg)  ;

Il doit être résistant à la perforation d'une masse pouvant atteindre 3 kg ;

Il doit être résistant aux flammes ;

Il doit être protégé face au vieillissement artificiel ;

Sa jugulaire doit savoir résister à une force de 25 daN ;

Et d'autres exigences relatives à l'ancrage et à la largeur de la jugulaire, à la surface d'aération, à la hauteur de port du casque ainsi qu'aux matériaux servant à sa construction.

Les fabricants ont l'obligation de fournir un mode d'emploi, de préciser la durée d'utilisation du casque en fonction de sa matière (polyéthylène, polyester, ABS, polyamide, etc.) et d'apposer le marquage EN 397 sur le casque pour montrer que celui-ci respecte la norme européenne.

 Ok là déjà, j’ai un blème. Les casques bucherons doivent répondre à la norme EN 397, mais sont vendus la plupart du temps sans jugulaire, donc ça doit être permis de s’en passer. Au fait, t’as vu, si tu veux faire pro, jugulaire, résistance 25 dan. (En fait, si j’ai bien compris, ça doit casser à 25dan pour ne pas se faire arracher la tête, donc 25 daN maximum).   

Sinon, oui, les casques bucherons ont une avancée à l’avant. Euh… ne serait-ce pas une lapalissade ça ? Ben non car on peut bien avoir une avancée à l’arrière. On ne dit pas une arriérée, trop péjoratif... On peut donc bien dire une avancée à l’arrière, et non pas une reculade. C’est bien connu, en matière de sécurité, point de reculade… !

 A ma gauche, nous avons cette fois le casque élagueur. Alors, si on se ballade un peu sur le Net, on finit par trouver que le casque élagueur, c’est un casque de travailleur en hauteur, et que de là, il doit répondre à la norme EN 12792. Des infos ? Il vous en prie :                                                    

Le casque doit pouvoir absorber un choc vertical jusqu'à 10 kN (1 daN ≈ 1 kg ; 1 kN ≈ 100 kg);

Il doit pouvoir absorber un choc latéral jusqu'à 10 kN ;

Il doit être résistant à la perforation d'une masse pouvant atteindre 3 kg ;

Il doit résister à l'arrachement et rester en place malgré un choc violent ;

Sa jugulaire doit pouvoir résister à une force de 50 daN.                       

Un casque de protection peut cumuler plusieurs normes de sécurité, c'est même un atout car il peut être employé pour différentes utilisations. Cependant, la plupart n'en respecte qu'une seule : la norme EN 397. Certains casques, étant dédiés à une utilisation spécifique, préfèrent respecter uniquement la norme de son domaine de prédilection. Par exemple, il n'est pas rare de trouver des casques d'alpinisme avec seulement la norme EN 12492. 

Là, premier truc qui me chiffonne. J’utilise un casque Petzl pour élaguer, donc travail en hauteur, qui a la norme EN 397, et à priori pas la EN 12492. Donc la réglementation ne doit pas être si simple, ou plutôt moins contraignante que ça. Faut que j’en parle à Petzl…  

 Vous avez vu, c’est complexe hein ? Bon, allez, donc le casque élagueur doit avoir une jugulaire, mais avec une résistance de, de, de… ? Ouais, 50 daN (cette fois faut que ça résiste à un choc de 50 daN, donc 50 daN minimum). Avec ça, ya de quoi briller dans les salons avec pleins de préventeurs dedans. Mais vous en conviendrez, ça prend un peu la tête. Pour un casque, il vaut mieux cependant…

 Vous avez vu le dernier paragraphe de la EN 12492. Eh ouais, Petzl nous fait ça. Un casque avec une jugulaire que d’un clic d’un seul, tu peux modifier la résistance de la jugulaire, et passer instantanément de la « EN 392 » à la « EN 12492 ». Bon, il faut quand même dire qu’un casque élagueur n’a pas la petite casquette à l’avant, qui est sur le casque bucheron en cas de rebond de machine. L’élagueur est moins concerné par ça mais par contre cerné par les branches qui se coinceraient plus facilement dedans.

 OK, donc si je suis bien cette histoire de résistance à 2 vitesses de jugulaire, ce serait le gros de l’affaire entre la EN 397 et la EN 12492, mis à part quelques différences de résistance au choc. Cette jugulaire magique serait la clé pour avoir un casque utilisable aussi bien au sol qu’en hauteur. 

Sinon, faut-il nécessairement avoir 2 casques différents. Essayons. 

Alors, me voilà donc bucheron, avec mon casque de… bucheron, oui, bien ! Norme ? EN 397. Excellent ! Ok, maintenant je veux monter avec dans une nacelle. Me voilà en hauteur. Déjà, il faudrait que j’y adapte une jugulaire avec une résistance de 50 daN. Déjà, faut la trouver, qu’elle soit adaptable. Pas simple… Supposons, je la trouve. Ah oui mais on me dit que les chiffres en matière de résistance en cas de chute ne sont pas bon. Et bing, rejeté ! 

OK, faisons l’inverse. Je suis élagueur, avec mon casque…, oui d’élagueur, je vais arrêter de vous prendre pour des arriérés, histoire d’aller de l’avant. Je descends de mon arbre, et je tronçonne au sol. Oui, mais si j’ai une jugulaire à 50daN que je dois avoir en hauteur, faudrait la changer contre une à 25 daN. Et puis, mon casque n’a pas l’avancée à l’avant pour se protéger des rebonds en arrière d’une tronçonneuse. À moins qu’on dirait que je ne peux me servir que d’une petite tronçonneuse qui ne pourrait pas rebondir jusqu’à mon nez. Résultat des courses, pas simple non plus.

Ok, donc, le plus simple, 2 casques, un pour en haut, un pour en bas. Vous imaginez les gars en train de changer de casque à tout bout de champ sur un chantier. Si ils sont au bout du champ, déjà c’est mort, et même d’ailleurs n’importe où sur le champ ! Même un stakhanoviste de la réglementation verrait ses plus grands espoirs finir au fin fond du champ de bataille.

Comment juguler la déprime qui me prend le crâne en tenaille. La jugulaire magique de chez Petzl serait LA solution. Allez chiche, on va leur demander, et je vous tiendrai au courant. En attendant, faites pas les cons quand même. Sortez casqués !   

 La jugulaire DUAL permet au travailleur de modifier la résistance de la jugulaire pour adapter le casque à différents environnements de travail : travail en hauteur (EN 12492) et travail au sol (EN 397).

Le clip possède deux positions pour deux modes d'utilisation :
- résistance élevée pour limiter le risque de perdre le casque lors d’une chute (résistance supérieure à 50 daN),
- résistance faible pour limiter le risque d’étranglement en cas d’accrochage du casque lorsque l’utilisateur est au sol (résistance inférieure à 25 daN). (Documentation Petzl).