Compostelle

29 septembre 2019

Aujourd’hui nous allons parler de Compostelle. Pronounced « St Jacques de Compostelle » évidemment !

- Dis, qu’est-ce que ça fiche dans un blog forestier, Compostelle ?

- Facile ! D’abord, ce n’est qu’un blog, petit espace de liberté, donc je parle bien de ce que je veux ! Et puis, quand tu « fais » Compostelle, tu marches sur des chemins. Et le long des chemins quoi qui n’y a ? Eh oui, des arbres ! Donc CQFD. Préliminaires terminés.

Gros morceau Compostelle. Tu n’en as pas entendu parler ? Hum… Regarde bien autour de toi. « Fifi » n’a-t-il pas « fait » Compostelle il y a quelques années ? « Roro » n’a-t-il pas parlé d’aller à Compostelle ? « Loulou » ne t’a-t-elle pas dit que « Chinchin » voudrait bien faire un « bout de Compostelle ». Quand bien même, ne serais-tu pas tomber sur un reportage à la télé ces derniers temps ? Tu vois, ça marche, Compostelle, c’est top, c’est in, c’est bat, tendance, un must vous-dis-je. Je suis moi-même gagné par le syndrome par (très !) proches interposés… ! L’expression « tous les chemins mènent à Rome » ? Une hérésie !

Petit message aux puristes : je n’ai jamais « fait » Compostelle, j’attaque ce texte sans préparation, je veux dire sans travail historique préliminaire. Je reste donc dans des impressions, des sensations, et donc pardon, pour les approximations, poil au menton.

Donc au départ, St Jacques de Compostelle est un lieu de pèlerinage chrétien. On a donc l’image du pèlerin qui part sur le chemin, avec des motivations de …, chrétien. Cultiver sa foi, s’entretenir avec Dieu, marcher, dans une certaine solitude, juste avec le minimum, sans superflu. Normal, à cette époque, le superflu n’existait guère.

Compostelle en 2019 ? En pleine période de superflux ? Surprise ! J’apprends qu’il y a des groupes Compostelle sur Facebook. OK, il y a des groupes Facebook sur n’importe quoi, mais je ne me suis pas encore fait à cette idée pour St Jacques. Trop dans ma coquille sans doute. Dans mon imaginaire, le pèlerin, même contemporain, part, plutôt seul, dans une approche au goût de spirituel plus que de spiritueux, pour trouver, chercher, Dieu, lui-même, quelque chose, en tout cas pas ses clés de bagnole puisque dans sa démarche plus ou moins chaloupée, il est partant pour marcher à pied. Et donc, désormais, le soir, après les foulées, le pèlerin viendrait se défouler un peu les neurones sur face de bouc, pour échanger avec ses petits camarades pèlerins… Hum… Je ne sais pas… Je réfléchis…

Nous découvrons aussi ceux qui ne sont pas encore partis. Là, ça vire au club de randonneurs. Et quelles chaussures, et quels sacs, et combien de kilos, et par où, et à quelle époque, et bientôt « Et le gite machin c’était bien ? » avec des notes sur Trivago ? Parfois on trouve des commentaires du genre : « bon tu nous les brises, prends ton sac et vas marcher point barre ». Hum… pas très œcuménique mais je m’y retrouve un peu j’avoue.

Evidemment on retrouve au bout du chemin tous ceux qui sont arrivés...., au bout. Chouette, quand on pense que certains sont partis en étant au bout du rouleau ! Bravos sincères ! Tout à leur joie, ils se prennent en photo devant la cathédrale en dansant, riant, chantant, sautant. Là aussi, j’avoue encore, au bout d’un moment, ça peut fatiguer. C’est très injuste, j’avoue toujours, car ce sont quand même bien eux les plus fatigués !

Curieusement on peut trouver pas mal de polémiques sur Facebook. Certains se feraient porter leurs sacs pendant l’étape. D’autres auraient des comportements peu chrétiens le soir dans les gites. Il y en aurait même qui feraient des « bouts de St Jacques » en car, en voiture. En train, je conseillerais le « Corail » évidemment. Bref, passé à la moulinette des réseaux sociaux, même Compostelle succombe à la déferlante du grand n’importe quoi de la polémique perpétuelle. Toujours est-il que Compostelle ne résiste pas à la formule du voyage organisé. Hum… Je ne sais pas… Je réfléchis…

Il y a quelque temps, une polémique plus originale m’a davantage intéressé. Car sur les chemins de St Jacques aujourd’hui, il n’y a pas que des cathos. On y trouve des marcheurs, pas forcément passionnés plus que ça par les lieux de cultes, le parvis de la cathédrale, les marchands du temple, les petits coups de tampon sur un passeport à composter pour « composteller » moins cher, enfin surtout pour dormir moins cher dans des lieux d’hébergement dévoués aux pèlerins (si j’ai bien tout compris !). De ce fait, d’humbles marcheurs sur Compostelle, un peu fatigués du côté un peu cirque compostellien, profiteraient cependant des gites à pas cher, des chemins entretenus, bref de « l’infrastructure », tout en dénigrant un peu « l’institution Compostelle ». Les ingrats… Intéressant comme débat non ?

Intéressant. Oh je le trancherais facilement comme une bonne tranche de chorizo, en ayant une pensée pour un pèlerin célèbre nommé Jésus, toujours prêt à accueillir toutes les âmes de la terre à la recherche d’un troupeau. Vive Compostelle si Compostelle est prêt à recevoir les erres de tous les horizons.

J’adhère plus aisément à la diversité des marcheurs qu’à la diversité des moyens de transport. A vouloir les multiplier, vélo, cheval, car, charrette, planche voile, patin à roulette, voilier, canoë de mer, et pourquoi pas paddle, montgolfière, on en oublierait le côté spirituel, humble, simple, de la marche. D’ailleurs, ne dit-on pas « ça marche » ou « ça ne marche pas ».

Reste à interroger le marcheur un peu décompostellisé, sur le pourquoi malgré tout du choix de Compostelle. Après tout, le monde est vaste, on peut très bien aller marcher où l’on veut, sur des chemins verts, bleus, rouges, noirs… Peut-être que là l’écriture parviendrait à me faire boucler la boucle. Facebook, groupe, communauté, partage. Les marcheurs aspireraient, outre de l’air, au bout de leurs pas, à faire des rencontres, à chercher, trouver, des voies des idées des réponses, chez l’autre.

Alors soit, allons-y, partageons, partageons, partageons mes frères, vécu, marques de vestes, histoires, nombres de litres d’eau, couteau suisse ou Laguiole. Je voudrais rajouter un grand ignoré de toujours, le lacet. Je ne parle pas de ceux du chemin, mais bien de ceux avec lesquels vous nouer vos chaussures pour aller nouer ensuite tous les liens que vous voudrez où bon vous semblent. Allez, bon chemin à tous (purée je m’y mets aussi… !).

Quant à moi, moi, oh…, moi… Disons que la coquille est entrouverte, que tout cela me parait quand même un peu gratiné. Alors je flâne toujours sur les chemins noirs. On va dire ça comme ça. Tchüss !