Sologne
Sologne, soir de semaine, la ville est loin. Et puis, la ville, c’est Vierzon, « j’irai pas voir Vierzon ». Ville anciennement industrielle, qui voudrait surement revivre. Même en rajoutant pas mal de sauce « Macron », ça va ti l’faire… Hum… Je suis resté, au fin fond de la Sologne, ses bois, privés, ses étangs, privés, privé. Oh, un p’tit château, à la sortie de ce petit village. Le café, vide, vend des clopes. Le mec, tout seul se fait péter un truc bien funk, ça doit être chouette quand c’est plein. Je reviens à ma caisse. Deux gosses, dans la leur, lui brun, elle blonde, en train de se faire une p’tite bière, rousse peut-être !, tranquilles, dans la caisse. Ils causent.
Hier, l’gamin a son grand frère au téléphone. Il est dans le portable, sur le portable, on le voit, on l’entend, dans une bagnole, arrêtée, avec des potes, bien allumés. « Fais péter l’ pichet d’ rosé Gégé ! » Ils ne m’ont jamais vu ivre. Lui fume, c’qu’est devenue pour moi sa merde, devant moi. Pas envie de lui parler. Je ne sais pas trop c’que Macron peut faire…
On n’avait pas de voiture. On partait quand même, des fois loin, très loin, loin de tout, loin des siens, même de toi, même de toi, pour se trouver, peut-être, quelque part. On partait. Les voitures ne bougent plus, sans essence, les vies, sans rêve, Vierzon, sans ses ouvriers.
Au village un peu plus loin, une mamie tient toujours son café, petit complément, pour la retraite. Elle voit encore du monde, le monde se voit encore, au moment d’la chasse, au moment d’la pêche. Elle est joyeuse, et toujours belle, merveilleux sourire. Personne ne reprendra l’café. Même pas Macron.
- Oh là dis oh Gégé, arrête, tu nous fous l’bourdon là. Tu devrais p’têt t’y mettre à leurs cigarettes magiques toi aussi.
Tu trouves que l’pays est pas assez endormi comme ça… Après les médecines douces, l’euthanasie douce…
- OK…, j’insiste pas. Attend Gégé, on va te trouver une p’tite mamie dans l’coin. Elle va t’faire un p’tio café hein !