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16 avril 2017

Sacré calocèdre

Je me suis garé récemment sur un parking à Blois. OK, jusqu’à là, aucun intérêt. Mais, chemin pas faisant, vu qu’il était juste à côté de mon camion, au bord de la pelouse du jardin public avoisinant, se trouvait un grand conifère. Vous connaissez ma passion pour les conifères. Non ? Allons, achetez mon bouquin zut, "Kantiak", que je suis allé poster mon chèque des éditions « The book edition » de 5.23 euros ce matin, tellement j’en vends ! Bon, dis, t’avances un peu dans ton histoire de Blois !

Oui, alors, comme de bien entendu, je lui demande, à cet arbre : eh ben alors, qui es-tu toi ? Hum, la silhouette, le port des branches, Monsieur drageonne dans la pelouse, plus « cupressacées » que « pinacées », avec ses feuilles en écailles, allez, je me lance, rends toi, Thuya plicata que tu es.  s-l300  Hum, je te touche les écailles, ça gratte un peu, hum, m’aurais-tu berné Cyprès de Lawson, ou alors serais-tu un drôle de « leylandi », que je ne vois pas de cône, verticillé que tu es. Mais que de balivernes, tu me piques beaucoup trop, bien plus que ces précités plus habituels. Je vais caler, rester dans l’ignorance, petit scarabée je demeure.

Quand soudain m’approchant du collet, mais oui, ne serait-ce pas une petite pancarte rouillée à ton pied. Victoire, voilà que ton nom apparaît, Calocedrus decurrens, ou plutôt devrais-je dire Calocedrus decurrens Torr. Je me décide à scruter sérieusement tes écailles, confus de mon erreur. Les voilà tes écailles « décurrentes », qui se prolongent sur le rameau et dont l’extrémité sort suffisamment à l’extérieur pour pouvoir légèrement me piquer sans gravité.    CalDec

Oh j’ai bien souvent entendu parler de toi, probablement durant mes études si lointaines désormais. J’ai bien peur de ne t’avoir guère recroisé depuis. Et te voilà, avec ton étiquette rouillée et de travers, anonyme dans ce modeste jardin public, ignoré de tous.

Allez, ressaisis-toi « calocèdre », nous allons te sortir de l’ombre, toi qui a l’air d’en faire tant (elle est bonne). D’abord, pourquoi Calocedrus decurrens Torr.  Eh bien, Calocedrus, c’est le genre, toujours avec une majuscule, et decurrens, c’est le nom de l’espèce, qui essaie le plus souvent de donner justement une indication sur l’espèce en question. Exemple, avec Cedrus libani, libani nous renseigne sur l’origine de l’espèce. Avec Fagus sylvatica, sylvatica nous dit que l’arbre est dans les bois. Là, les mecs ne se sont pas foulés !

Donc, « decurrens » nous renseigne sur cette décurrence de l’aiguille, effectivement si significative, si si. Et puis, il y a « Torr. », à la fin. Qu’est-ce ? Michèle ? Hum, j’ai bien peur que non. Non, « Torr. » est le diminutif du scientifique qui a donné le nom au taxon.

Au taxon me dites-vous. Mais qu’est-ce encore que ceci. Alors, point de risque, je pique une définition sur le net : « un taxon correspond à une entité d'êtres vivants regroupés parce qu'ils possèdent des caractères en communs du fait de leur parenté, et permet ainsi de classifier le vivant à travers la systématique. » Ouais, je sais, c’est pas simple. Bon, c’est pas un cours de botanique non plus. Si vous n’arrivez plus à dormir car dorénavant vous êtes dans l’ignorance de ce qu’est un taxon, alors plus une seconde à perdre, tapez Google ! Ou plutôt, tapez taxon dans Google évidemment, enfin, sur le clavier, et qu’à l’écran, bref…, j’arrête. 

Non, allez, on va faire mieux. Vous êtes chez vous, et vous faites du rangement, eh oui, des fois il le faut, je sais. Devant vous une ribambelle, de trucs, de bidules, de machins, et je ne vous parle pas des choses et des machins chouettes bref. Les trucs qui vont ensemble, vous allez les mettre dans la même boite. Ensuite, certaines boites ont des choses dedans qui se ressemblent quand même un peu. Vous mettez toutes ces petites boites au contenu ressemblant dans des plus grosses boites, et ainsi de suite, et ainsi de suite, et à la fin, vous avez tout dans une énorme boite. Eh bien, chacune de ces boites, petites ou grosses, est un taxon. 

« Torr. », c’est le nom d’une petite boite, avec dedans que des arbres « qui ont des caractères en commun du fait de leur parenté ». « Torr. », c’est le diminutif de James Torrey, botaniste américain des siècles anciens, une pointure. D’ailleurs, le genre « Torreya », autre genre de conifères, ne cherchez plus. C’est encore lui. Vous ne cherchiez pas ? Ah ben zut alors. 

Bien, on a vu pour « Torr. », on a vu pour « decurrens ». Mais alors « Calocedrus », surtout que y en a même qui disent, oui…, euh…, mais avant on disait « Libocedrus », qu’est-ce que ça veut dire ? C’est vrai que si les mecs en plus, ils s’amusent à changer les noms. Alors toi, tu passes des décennies à maîtriser…, tiens, « Libocedrus » par exemple, et là les mecs, ils te disent maintenant, c’est « Calocedrus », point barre, aucune pitié ces gars là.      S45602_DSaRO

Non, mais faut dire qu’ils n’ont pas le temps de s’occuper de nous les mecs, ils ont du travail. Il faut qu’ils arrivent à classer toutes les espèces comme il faut. Déjà, tu vois toi, pour ranger tes papiers ? Mais eux, c’est toutes les espèces, tout ce qui vit sur terre, t’as pas l’air de bien te rendre compte. Surtout que le gros du boulot, c’est qu’ils arrivent à se mettre d’accord entre eux. Entre les « Libocedrus », et les « Calocedrus », mais c’est une guerre que nous avons évitée. 

Ouais parce que tu vois, la classification des espèces, c’est un truc de malade. Le premier qu’a commencé, c’était un suédois, Linné qu'il s’appelait. C’était un obsédé du rangement, tout y est passé, les végétaux, les animaux tout. On en connait tous, des dingues toujours en train de ranger, les malades de la boite, du tiroir, de l’étagère, du classeur, des intercalaires, ah ouais tu vois t’en connais aussi. Alors Linné, tu penses, un suédois, un nordique, normal. Un latin, ça aurait été plus surprenant. 

Quoique, après, des rangeurs d’espèces, y en a eu pas mal, et notamment des français. C’est vrai qu’on est des latins, mais un peu à part, assez cartésien en fait, bon bref. Linné est le père de la classification « classique ». Pour faire simple, tout ce qui se ressemble, je l’assemble. Tu vois toi, mettons que t’aies un sosie, je ne sais pas, en Australie, et ben bing, il vous mettait dans la même famille directe.       Calocedrus-fruit-52

Après, Linné, il a eu des successeurs et des successeurs, et finalement, tout ce petit monde a fini par mettre au point la phylogénie. Oh purée… ! Attends, moi là je sors le dico : « La phylogénie correspond à l'étude des liens existant entre espèces apparentées. Grâce à elle, il est possible de retracer les principales étapes de l'évolution des organismes depuis un ancêtre et ainsi de classifier plus précisément les relations de parentés entre les êtres vivants. » Bon, là si tu veux, on classe suivant les liens de parenté. Donc, ton sosie en Australie, c’est niet, il n’est pas dans la même boite que toi. Tandis que si ton frère, il ne te ressemble pas du tout, eh ben on s’en fout. C’est la même famille, et hop, dans la même boite. Vingt dieux, si un scientifique tombe sur mon article, je vais me faire massacrer ! 

Donc, « Libocedrus », c’était du « classique », et « Calocedrus », là on est dans le « phylogénique », enfin si j’ai bien compris. En fait avant « Calocedrus » était dans le « Libocedrus ». Maintenant, ils l’ont viré, pour le mettre dans la famille des « Cupressacées », donc pas loin des « Thuya » et des « Cupressus ». Bon, OK, maintenant pour classer, on travaille plus sur du regroupement familial, on cherche des ancêtres communs, et ça peut changer des trucs au fur et à mesure que d’autres lascars eux trouvent des fossiles tu vois. Tu vois pas que là, en cherchant bien, le sosie d’Australie, eh ben il soit issu d’une lointaine parenté, le bordel, faut tout reclasser ! 

Dernière chose et après, je te laisse tranquille. Ce n’est pas de la génétique non plus, car pour faire de la génétique, il faut préalablement connaître les ancêtres, ce qu’on peut faire nous par exemple. Mais là, avec les plantes, on ne peut pas, car des ancêtres, nos gratouilleurs de terre ne vont pas arrêter de continuer à en découvrir, et ça peut entrainer des remises en question. 

En conclusion, même pour classer, faut toujours se remettre en question, c’est dingue. Enfin, j’espère quand même que, « un chat est un chat », ça reste vrai ! En parlant de se remettre en question, se balader dans le monde des « rangeurs d’espèces » permet de relever un point : ce sont tous des occidentaux. Y a pas, faut toujours qu’on s’occupe de tout, partout. 

Je ne peux pas vous quitter sans vous dire que le calocèdre, résineux nord américain comme bien d’autres, est connu pour son bois qui se travaille bien. On trouve souvent sur le net une utilisation pour la fabrication des crayons. Ça doit être pour ça qu’il faisait une drôle de mine le collègue !

 

 

 

 

 

 

 

 

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