Bois énergie: on a du mal à cerner

En matière d’énergies renouvelables, « l’Europe » s’est fixé des objectifs. Exemple, en 2020, les pays membres devraient parvenir à un taux de 20% d’électricité à base d’énergies renouvelables. Je m’épargne la liste des différentes possibilités, éolien, solaire, etc.… Une de ces sources est donc la « biomasse », qu’on brule dans des grands fours, ça fait de la vapeur, qui fait tourner des turbines etc.… Pour avoir de la biomasse à bruler, le matériau qui s’impose, c’est le bois. Le bois, qui vient de l’arbre, est donc considéré comme renouvelable, car « l’arbre », ça repousse. Bon, ça peut prendre du temps, mais bon ok, mettons que ça repousse, donc c’est « renouvelable ». L’Europe subventionne des projets qui contribuent à faire de l’électricité à base d’énergie « renouvelable ». Donc, banco pour subventionner par exemple la centrale « biomasse » de Gardanne, dans les Bouches du Rhône.

Tout pourrait aller pour le mieux dans meilleur des tas de bois, mais ça gueule un max. Pour les opposants, la liste est longue. Ça va faire un max de bois. Prévisions de départ : en faire venir 55% des Amériques, ouais plutôt du Sud évidemment. Aaaah l’Amérique du Sud, ses belles forêts primaires, ou du moins ce qu’il en reste… Ou alors, ses merveilleux taillis à courte révolution à la biodiversité de dingue ! Donc, les 45% restants, il faut les trouver chez nous, disons dans un rayon de 400 km autour de la centrale. Eh ben là aussi ça gueule, que ça va provoquer la déforestation chez nous, bon sang, i sont pas possible ces écolos pas jojo… !

Les « pour », i disent quoi : que les forêts concernées (Provence, Cévennes) sont sous exploitées, avec des qualités de bois pas terribles, l’idéal pour en faire de la plaquette. Mieux, ça redonnerait du tonus à l’exploitation moribonde de ces massifs forestiers. Les contre parlent de déforestation, de rendement minable quand on passe du bois à l’électricité (entre 30 et 40%), de centaines de camions sur la route pour approvisionner l’usine, de la pollution atmosphérique même avec des filtres sur les cheminées, des montagnes de cendres qu’on va se farcir, j’en oublie surement. Bref, à ne pas mettre un bout de bois dans le feu.

Et là, l’argument massue des « pour » : la centrale n’a qu’à s’approvisionner en bois « certifié ». Mais si, vous savez, le petit logo jusqu’à votre ticket de caisse, votre table de jardin, de cuisine, votre, votre, enfin bref quelque chose fabriqué à base de bois et qui vous dit que ce bois vient d’une forêt bien gérée, de façon renouvelable. Eh ouais, une forêt peut-être certifiée, labellisée, waouh… Vous avez deux « labels » sur le marché. « FSC », d’origine plutôt nord américaine, et « PEFC », plutôt européenne. Bon, après, les deux officient maintenant dans le monde entier.

L’idée, c’est que si ta forêt, ton papier, ton meuble, ton tas de bois, sont « certifiés », alors la forêt dont ils viennent est bien gérée, et durablement. Génial ! Ouais mais les grincheux de la biomasse, i sont aussi grincheux pour les certifications, i disent que les certifications, c’est du flan. Y en a qui disent que « FSC », c’est un peu plus sérieux, vu qu’on prend en compte les questions sociales de ceux qui bossent dans ces forêts, la présence des populations qui y résident. Chez « PEFC », les professionnels de la forêt et du bois sont à l’origine de la création du label, et sur représentés dans la structure, donc un peu moins crédibles en matière de social et de biodiversité.

Maintenant chez « PEFC », comme chez « FSC », les candidats à la certification sont audités par… des cabinets d’audit (purée quelle usine… à gaz cette fois !). Les grincheux, i disent que les cabinets d’audit, i s’y connaissent rien. Faut dire que ces « machins », leur boulot, c’est d’auditer, des forêts ou peut-être bien n’importe quoi d’autre. C’est vrai que l’emmerdant, c’est que « PEFC » a tout intérêt à avoir des candidats, qui paient pour être certifiés, et qui paient l’audit, et que plus y a d’audit, et des audits satisfaisants, plus les cabinets d’audit i s’ont des clients et i gagnent des sous. Ouais bon, en fait, si la certification n’est pas trop chiante, tout le monde il est content. Je sais pas si…, mais…, c’est vrai c’est emmerdant pour la crédibilité du truc. Tiens c’est pas con ça, après la « certification », on pourrait aussi créer la crédibilisation !!!

Pour en revenir à la centrale biomasse de Gardanne, tout ça commence à faire vraiment usine à gaz (ça aurait été plus pratique pour éviter la gueule de bois). Bon, c’est des industriels, pas des poètes donc les contrats d’approvisionnement avec l’étranger avec du copeau de bois qui va arriver par cargo, tranquille, ça doit être vachement moins emmerdant à gérer.

Et puis le truc qui me chatouille : en France, les propriétaires forestiers qui ne vivent que de leur forêt, tu ne remplis pas beaucoup de cars avec. Chez les autres, y en a plein qui ont des forêts de production pas mal, mais qui sont presque plus motivés par les revenus de la chasse, donc le bois, bof... Le propriétaire forestier en Provence, il a une forêt avec du bois dessus qui vaut que dalle. Pourquoi il donnerait le feu (elle est bonne !) vert, pour qu’on lui achète ses arbres trois francs six sous pour un débouché en bois énergie. Autant rester tranquille avec ses arbres non ?

L’objectif de « Gardanne » est d’arriver un jour ( !) à s’approvisionner complètement local. Eh bée peuchère, faut y croire… ! J’en mettrais pas mon billon de bois à couper. Si toi y en avoir un avis éclairé (à l’électricité !) sur la question, alors tiens moi au courant !

Comments

[maneno]

FSC ou PEFC...un truc de spécialistes . Intéressant mais trop long. Style parler familier, répétitif. Je préfèrerais le son (en mode conf.ou débat) au texte écrit. Merci pour ton travail de blogueur ;)