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1 novembre 2016

"l'espace-vert"

Ça fait déjà un p’tit moment que j’ai envie de m’en payer une tranche sur « l’espace vert », plutôt dans le genre « bazooka ». J’aurais pu partir dans un récit « historique », genèse de l’affaire, ou plus calembourien, les racines de l’espace-vert. Mais bon, ça m’aurait demandé trop de boulot de recherche, j’ai la flegme. Et puis j’ai la chance d’avoir l’âge d’avoir connu les pionniers de cette aventure, alors j’ai encore un peu leurs récits dans la tête.100_1133

Il y a toujours eu des « jardiniers », là je ne parle pas de ceux qui font pousser des légumes, mais plutôt de ceux qui faisaient que les nantis aient de beaux parcs, avec des fleurs, des allées, des fontaines, et des feuilles bien ramassées.

Concentrons-nous sur ce qui se passe chez nous dans l’après guerre, enfin disons les trente glorieuses une fois qu’on eut sorti un peu la tête de l’eau : des centres-villes à reconstruire, de nouveaux quartiers périurbains à faire sortir de terre, des lotissements à tire larigot, bientôt des autoroutes, avec la nécessité de végétaliser tout ça. C’est là que l’on voit naitre les premières entreprises « d’espace-vert »…

C’est parti mon kiki, des pelouses, des haies, des plantations d’alignement, des arbustes d’ornement, et bientôt des cabinets conseils pour orchestrer tout ça pour les plus malins, auprès des collectivités territoriales. L’âge d’or, les gars se sont gavés. Mettons qu’on situe ce démarrage plein pot il y a cinquante ans, on s’fait un p’tit bilan ?100_1132

Encore une fois, je ne vais pas me farcir des études ou des thèses. Je vais seulement me balader et regarder autour de moi. Dans la sphère privée, chez les particuliers fortunés, pas de soucis, c’est toujours aussi beau, en évolution constante, avec des architectes paysagistes bourrés de bonnes idées, qui s’éclatent, de belles jardineries aux plantes sur vitaminées qui fleurissent. Dans les grandes métropoles, idem, des services « environnement » avec un encadrement de qualité, novateurs, à la pointe sur les questions de biodiversité, de frein aux pesticides, de substrats innovants, de recyclage des déchets. Je ne les connais pas toutes loin de là, mais dans la plupart, c’est vraiment top. L’espace-vert, c’est aussi la vitrine de leur ville, honte à celui chez qui c’est moche.

Ailleurs, petites et moyennes communes, cités HLM ou mêmes copropriétés modestes, lotissements périurbains, c’est la déprime. Une fois qu’on s’est bien éclaté à semer ou à planter, les « génies créateurs » laissent la place aux gestionnaires, qui sortent leur calculette, et font de la maintenance de tout ça à prix serré. Résultat, pelouses archi-tondues ou délaissées, parterres dégueulasses, arbustes à fleur rabattus au carré, arbres massacrés. « L’espace », ça fait peut-être rêver, mais « l’espace-vert », c’est l’enfer. D’ailleurs le mot en lui-même est affreux, ce ne sont surement pas des jardiniers un peu poètes ou bohêmes qui l’ont inventé !

Choisir un métier de nature aujourd’hui pour un ado, pas facile : en termes de main d’œuvre, l’agriculture s’est cassé la gueule, tout comme l’horticulture, puis la forêt. Alors, il reste « l’espace-vert » pour former des « ouvriers paysagistes », waouh ! Le souffle créateur du « paysagiste », il faut vite oublier. Les contrats d’entretien sont passés par là, tout est corseté, standardisé. Tant pour tondre la pelouse, tant pour tailler la haie, pour ramasser les feuilles, et même pour élaguer les arbres, les bohêmes, c’est pas par là.100_1136

Seulement voilà, tout cela est pourvoyeur de croissance, ça fait vendre plein de truc d’être dans l’imitation de la nature en zone urbaine, et ça fait de l’emploi, aujourd’hui on tuerait père et mère pour l’emploi, même si tout est taillé au carré. C’est mieux pour l’emploi de tout tailler au carré.

Parallèlement, plus en apprend sur la nature, plus on découvre qu’elle regorge de stratégie pour se débrouiller très bien toute seule, et que là où l’homme est le plus cohérent, c’est quand il ne fait qu’accompagner ces stratégies pour épouser les équilibres naturelles. Et ça, manque de bol, ça produit moins d’emploi.100_1137

Un expert me disait l’autre jour que quand la ville de Paris a installé des arbres dans les rues à l’époque, c’était surtout pour occuper les jardiniers dont on ne savait pas quoi faire l’hiver. Alors évidemment, dès qu’on a pu, on leur a fait élaguer, et élaguer, et élaguer. Nos prédécesseurs auraient inventé l’élagage que pour garantir le plein emploi ? Ben merde alors, ça déprime…100_1138

Ça devient compliqué tout ça. Est-ce que l’on remet plus de « naturel » dans les espaces-verts avec des « jardiniers » qui cultivent en même temps que les pelouses, l’amour des plantes, sans être forcément très nombreux, ou bien on continue cet « espace-vert » sans âme avec des « ouvriers paysagistes » en masse, qui travaillent comme à l’usine, mais dehors.

Avec les élagueurs, on touche au sublime. « Elagueur », ça faisait pas bien, un peu méchant quoi. Alors maintenant, il faut dire « arboriste grimpeur », waouh ! Mais bon, comme il faut de « l’empoi », alors on forme tout pleins pleins « d’arboristes grimpeurs », vous savez ces petits élagueurs, gentils ceux-là, qui aiment bien les « nanarbres ». Problème : tailler respectueusement un arbre, ça veut dire justement ne pas trop le tailler, et du coup, pas trop d « empoi ». Merde alors, il va falloir continuer à les massacrer alors…

Pour ma part, j’en ai pris mon parti. Pour ne pas trop déprimer, il y a belle lurette que je suis reparti dans la forêt, histoire de réentendre le bruit de mes pas bruisser dans les feuilles, sous des arbres « très bien comme ça ».

100_1178

 

NB: ouais bon le choix des photos est un peu tendancieux, mais c'est mon blog, j'peux faire c'que j'veux...!

 

 

 

 

 

 

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