coup de balai

 N'ayant pas de projet d'écriture très conséquent en ce moment, vous avez de la chance chers lecteurs, de pouvoir bénéficier ces temps-ci de petites commandes que je me fais, et donc me sers par la même occasion, moi-même. Je dois dire que chaque année, Halloween (Icitrouille) est une bonne source d'inspiration à mon écriture vagabonde. Non pas que l'aspect commercial qu'on voudrait donner à cette fête me passionne, mais elle remet dans la marmite tout un tas d'objets, personnages ou légumes qui sont de merveilleux vecteurs d'imaginaire.

J'ai donc voulu ce jour m'intéresser au gré de mes errances, à cet ancestral objet qu'est le balai, objet culte d'Halloween, moyen de transport de toute sorcière qui se respecte. Au passage, je parle bien de sorcière et non de sorcier, de quoi se demander ce que fout Harry Potter à jouer au quiddish sur un balai. Mais balayons cet écart de J.K. Rowling à la tradition, et revenons sur nos balais.

J'en apprends une bonne: aux anciens temps, il y avait souvent des balais dans les mariages. Le manche symbolisait le sexe masculin, et la brosse, avec ses poils..., oui, vous m'avez compris. Le balai est ainsi un merveilleux symbole d'équilibre, idéal donc pour voler dans les airs. L'histoire est pourtant plus complexe: au moyen âge, le pain était surtout fait à base de seigle, céréale pouvant être parasitée par un champignon, l'ergot de seigle, qui au pire pouvait vous envoyer ad Patras, au mieux avait des propriétés hallucinogènes, et donc vous faire planer.

Une absorption du produit par voie orale pouvant entraîner des effets secondaires fâcheux, il semblerait que les utilisateurs intéressés aient opté pour les voies cutanées (frottement sous les aisselles par exemple), ou alors, si je puis me permettre, en se frottant, le trou du cul, par l’intermédiaire d’un…, manche à balai, nous y sommes ! L’imagination sans borne de tout homo sapiens sapiens désirant s’envoyer en l’air ne date donc pas d’aujourd’hui.

Là, je veux bien reconnaître un certain flou dans le choix de l'expression "s'envoyer en l'air", ce qui peut engendrer la confusion. En effet, il faut bien signaler la pratique de certains individus qui ont la particularité de s’envoyer en l’air en s’enfilant des manches à balai dans le cul. Mais, tout cela nous éloigne de notre propos, même s’il souligne par des détours un peu compliqués, une probable misère sexuelle de nos chères sorcières sur lesquelles, il faut bien le dire, on ne relate guère d’histoires sentimentales.

Toutes ces dérives explicatives ne sont pas vaines car elles sont à l’origine de l’expression « con comme un manche à balai », elle-même dérivée de l’expression « con comme une bite ». La « bite » était effectivement considérée comme complètement conne tant elle avait la particularité d’aller de mettre dans n’importe quel « con » sans réfléchir aux conséquences, instructif non ?

Allez, sortons le balai du placard d’Halloween. « Placard à balai », expression fort méprisante, inclinant à penser que l’objet serait bon pour la remise. Car l'usage de son successeur ronronnant à tuyau informe ne sort guère des frontières des pays dits développés, qui, soit dit en passant, auraient conservés la brosse en délaissant le manche, nous prouvant ainsi pauvres mâles perdus dans ce monde « moderne », cette atteinte incessante à notre virilité !

Il est temps de donner un grand coup de balai à toutes ces idées reçues d’une image trop passéiste du balai pour ne pas nous faire balayer définitivement. Rétorquons à tous ces esprits chagrins qu’il est temps de balayer devant leur porte. Le balai garde toute sa vivacité, son énergie. Ne parle t-on pas lors de grandes manifestations internationales, du ballet des limousines, lors de graves accidents, du ballet des gyrophares, ou encore lorsque les gouttes d’eau s’amoncellent sur nos pare-brises, du ballet des essuie-glaces.

On me dira que je triche, faisant appel dans ce cas, à un homonyme, habituellement rencontré dans des spectacles de danse. Je balaierais cette argument d’un revers de brosse tant le lien avec notre balai est évident. Comment, en effet, la poussière, un temps présente sur une scène de théâtre, pourrait-elle résister au passage d’un ballet sur ses planches.

Ne croyez pas qu’aujourd’hui le balai m’aspire à tort. Le balai nous suit toute notre vie, aussi bien à trente balais qu’à cinquante. Cette histoire d’âge=balai, trouverait son explication dans la durée de vie de je ne sais quel peuple prédécesseur où les balais avaient une durée de vie d’un an, et que d’autres aient inventé l’expression « et des poussières », pour donner l’âge de quelqu’un qui n’avaient pas un nombre de « balais » rond.

Voilà, pour tous ceux qui auraient peiné à suivre cet univers du balai que je viens de rapidement balayer, ne vous inquiétez pas, nous récupérerons tous les retardataires. La voiture balai arrive… !