ice ball

Madame,

Vous êtes directrice du service consommateurs chez Lutti ? Des gens vous écrivent pour vous parler de leurs expériences de mangeurs vos bonbons ? Incroyable… Allez, ça ne doit quand même pas trop encombrer la boite aux lettres. Alors je compatis : un peu de lecture, c’est pour vous !

Dimanche 5 juin, fin d’après-midi, grosse chaleur. Sentant la fatigue venir, je m’arrête dans une station d’autoroute. Ma gorge est irritée suite

en grande partie à une consommation excessive de cigarettes,

due à un avalement excessif de kilomètres,

sans médicament dans la bouche à me mettre,

 même si cette rime ne rime à rien. Soudain, une idée de génie : dans la station, il doit bien y avoir des bonbons à la menthe, on ne pense jamais assez aux bonbons à la menthe, oubliés des grandes campagnes publicitaires des sucreries dans le vent du moment. Mais que sont devenus les bonbons à la menthe d’antan, me demande-je ?

Mes craintes sont vite dissipées. Ils occupent encore une place confortable du linéaire «bonbons ». A ce stade, je ne sais pas encore trop où je vais avec cette histoire de bonbecs, mais bon, c’est bon, personne va me casser les bonbons.     

Curieux, tous les paquets sont au même prix, 2euros75, eh ouais sur l’autoroute, ça coûte bon… (eh ouais facile…) ! Sauf un, qui, de ce que je peux en lire de mes yeux sans lunettes est à 2euros95, mais avec remise immédiate en caisse de 30cts, une affaire me dis-je, opération marketing de dingue. C’est une nouveauté qui me promet sur le paquet (ils ont mis le paquet…), une explosion de fraîcheur…! De quoi réveiller le concept du bon vieux bonbon à la menthe un peu fatigué. C’est vrai quoi, qui suce encore aujourd’hui des bonbons à la menthe dans cette période où l’on se fait plutôt sucer à force que l’on nous mente bonbon.

Bref, moi qu’ai chaud, le truc va me calmer la gorge et faire clim en même temps, c’est plié comme un papier de bonbon, je prends. A la caisse, la caissière, jusqu’à  là, normal, une rousse à la peau blanche et aux yeux bleu menthe m’annonce « 2euros95 » avec une froideur assortie à ses yeux. Je n’ose protester, j’ai du mal lire, et puis, je ne sais pas, de la lassitude…, à toujours se faire entuber comme des pastilles à la menthe.    

De retour à la voiture, je chausse mes lunettes pour découvrir que la « remise immédiate » se fait sur l’achat d’un prochain paquet. Me voilà perdu dans mes pensées sur la signification du mot « immédiate », moi qui n’achète pas des bonbons à la menthe tous les quatre matins, en m’imaginant déjà l’emballage finir piteusement à la poubelle comme tous les autres bons de réductions de ma longue existence pour laquelle je serais plutôt en recherche de bons d’augmentation. Ce n’est pas malin non plus de fumer, surtout si dès que ma gorge s’irrite, me prévenant ainsi du côté excessif de ma tabagie, je me précipite

sur le premier paquet de bonbons à la menthe venu,

qu’il y en a à tous les coins de rue,

 ça va sans dire poil au dos,

oui je sais… mais c’est comme ça j’adore… même pas honte.

Bon, voilà question bonbon, je l’ai dans le cul, enfin pas les bonbons, c’est pas des suppositoires non plus…, OK  j’arrête, cette fois j’ai honte…

Alors cette nouveauté ? Bon, les bonbons sont en sachet individuel que si vous pressez sur un côté ça devrait s’ouvrir, comme les petits sachets de chocolat qu’ils nous mettent avec le café, histoire de justifier de nous faire payer le p’tit noir bien plus d’un euro, que moi je voudrais le payer moins cher, sans le petit chocolat que j’en ai rien à cirer, parce que moi, avec le café, je veux me fumer une bonne petit clope que ça va pas du tout avec le p’tit chocolat, mais pas quand j’ai mal à la gorge sinon je vais sucer un bonbon à la menthe que ça ne va pas du tout avec le café. Un bordel…  

Sauf que le sachet, il ne s’ouvre pas en pressant sur le côté, pas pratique en voiture. Eh ouais entretemps j’étais reparti vous voyez, c’est que j’ai pas une tête à sucer des bonbons à la menthe sur une aire d’autoroute toute la journée ! Dites tout de suite que j’ai un air de caramel mou. Non, ce n’est pas un subterfuge pour glisser sur le caramel, ce serait hors sujet, restons sur la menthe, qu’elle ne tombe pas à l’eau…, ce qui nous ferait une menthe à l’eau évidemment !

Une fois le papier déchiré, je pousse pour faire sortir le bonbon et je me retrouve avec une bille enforme de ballon de foot, je me dis c’est pas vrai on n’en sort pas…

Sinon, le concept est simple : tu suces un truc dur, oui bon ça va hein, pour les obsédés moi j’y peux rien, jusqu’à ce que l’enveloppe extérieure cède et qu’un liquide vous coule dans le fond de la gorge…, sans commentaire. Souvent dans ces cas-là, le truc que tu découvres à l’intérieur est toujours très acide, ou amer, ou piquant, enfin très quelque chose, normal, c’est un peu le principe du scénario, ça se passe gentiment, on suce tranquille la pastille, et d’un seul coup clac, bing, coup de tonnerre, la grosse sensation ! Si on faisait le contraire, ça ne marcherait pas.   

Et pourquoi pas en fait : vous voyez, on commencerait à sucer, en deux temps trois mouvements, on s’arracherait le gosier, et d’un seul coup, cette niche d’où un liquide suave viendrait apaiser toute cette acidité répandue dans notre bouche… D’ailleurs le concept mériterait d’être décliner à l’infini : les cons finiraient par devenir intelligents, les méchants gentils, les fourbes loyaux, le président président. Ne soyons pas trop exigeants, allez, juste le temps de sucer un bonbon.

Concernant les « Ice ball » puisque c’est d’eux qu’il s’agit, eh ouais j’ai bossé le dossier, le truc c’est qu’entre l’extérieur dur à sucer, et le liquide qu’on découvre à l’intérieur, tout est de la menthe, ça fait menthe sur menthe, on n’est pas vraiment pris au dépourvu. Bon OK, le type qu’achète des bonbons à la menthe ne recherche pas vraiment la surprise, il veut acheter des bonbons… à la menthe point barre, le fait que « y a queque chose à l’intérieur », on va pas se menthir, il s’en tape un peu (notez le concept révolutionnaire de la faute d’orthographe faite exprès).

Au moins avec le bonbon à la menthe, on est à l’abri de pleins de trucs, c’est pas fait avec de la gélatine de porc, ou de l’huile de palme, mais avec de la bonne menthe bien de chez nous. Attends…, j’vais voir quand même, j’en sais rien moi ce qu’il y a dedans. Je r’viens, bougez pas… Bon, alors, finalement, dans la composition, ben, y a pas de menthe, des E bidules, des arômes machins, des acides, ça sent pas trop la menthe bio qui pousserait sur les plateaux ardéchois tout ça… C’est marqué que les végétariens peuvent en manger... Encore heureux, vous voyez pas, si on disait aux végétariens de ne plus manger de bonbons à la menthe, mais ce serait la révolution, l’hallali. Au fait, pourquoi cette histoire de végétarien… Non, laissez, je vous taquine là … !

Allez, on va pas couper les bonbons en quatre, j’aurai bien tout le temps à la retraite, en attendant que Gisèle ou Monique m’amène mon infusion, de regarder la composition de n’importe quoi et d’envoyer des courriers de grincheux à tous ceux qui s’ennuient dans les services consommateurs.

Je  vous envoie mon texte, histoire de vous changer un peu les idées, ça doit pas être gai tous les jours, je me demande bien comment vous passez vos journées : goûter de nouveaux bonbons, trouver de nouveaux goûts révolutionnaires, imaginez les goûts de demain, partir sur les traces de recettes anciennes enfouies parce qu’une tribu du fin fond de la forêt congolaise a été observée en train de mâcher une gomme mystérieuse, hum…, ça sent l’expédition !

J’arrête, trop long, c’est pas bon, j’espère avoir été suffisamment sucré, avec juste ce qu’il faut d’acidité. Et puis vous, c’est sûr, votre truc c’est plutôt les petits papiers.

Bonne journée !

PS : je vous envoie le bon de réduction, vous avez bien un môme que ça va intéresser !

Comments

[Coco]

Je te trouvais bien silencieurx depuis qques temps, tu me rassures. Ton billet est un juste compromis entre sucrerie et acidité, pour ma part je ne suis pas une grande fan du bonbon à la menthe mais j'avoue faire moins la difficile pour tout ce qui est bien mou et coloré, voire même piquant... je sais rien de naturel là dedans mais c'est tellement bon ! Le sucre est un goût très addictif et s'en défaire est chose compliquée.