Cargill
Je ne connaissais pas Cargill, vous non plus peut-être. Cargill est une multinationale, oui je sais il y en a d’autres, mais… Cargill est dans l’agro alimentaire, mais ne s’intéresse qu’au commerce de « gros ». Pas de produit « Cargill » sur votre table, mais surement du Cargill derrière les aliments industriels que vous mangez. Cargill achète partout dans le monde de la matière première agricole, et la transforme en produits pour l’industrie agro alimentaire : céréales, oléagineux, biocarburants, cacao, aliments pour bétail, malt pour la bière, pectines, gélifiants, épaississants, stabilisants, toutes les nuggets de Mac Do . Cargill, ça pèse plus lourd que Mac Do, plus lourd que Nestlé.
Quelques chiffres : 300 navires en perso, présent dans 67 pays, 143000 employés, chiffre d’affaire 2014, 135 milliards de dollars, 21 sites en France où bossent 2500 salariés, 1000 en Belgique, sur 9 sites.
Le fondateur était un marchand de grain américain. L’histoire a décollé par l’implantation de silos à grains au sortir de la guerre de sécession, début des « hostilités » : 1865. Cargill est restée une entreprise « familiale ». La famille détient 88% de l’entreprise, ils sont tous milliardaires évidemment. C’est la plus grosse société américaine non cotée en bourse.
Cargill, c’est tellement énorme, et tellement partout, que nous mangeons tous forcément Cargill, de la viande, des céréales, de l’huile, du sucre, du chocolat, de la bière, tous les plats cuisinés, les sauces. Rajoutons tous les autres débouchés des produits agricoles : alicaments, cosmétiques, biocarburants.
Ça baigne… et ben non, ça baigne pas. Prenons un dossier de Greenpeace consacré à Cargill, et ne relevons que les têtes de chapitre :
Présence illégale en Amazonie
Commerce de soja cultivé sur des terres illégalement déboisées
Commerce de soja cultivé dans des exploitations convaincues d'esclavagisme
Transformations de soja provenant d'exploitations agricoles implantées le long de "l'autoroute du soja", une infrastructure routière construite hors de la légalité
Du soja transgénique
Ça donne une idée. La culture du soja, un vrai poison pour la forêt amazonienne, 460000 hectares détruits en 2012, avec du transgénique, du pesticide…
Les problèmes d’esclavage, on les retrouve en Afrique, avec le cacao, souvent des enfants, en provenance de pays très pauvres proche de la côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso…
Cargill ne coupe pas la forêt primaire, Cargill ne fait pas travailler des enfants esclaves. Mais Cargill achète les productions (oh… avec d’autres bien sûr…), à des prix qui donnent envie de couper la forêt, mais pas assez cher pour pouvoir embaucher de vrais travailleurs. A l’arrivée, la part du prix de ma tablette de chocolat consacrée à la matière première est de quelques pourcents, le reste, transformation et commercialisation, le plus gros de la tune, c’est pour Cargill. Moi, j’achète, donc je suis complice, de par ce qu’il y a dans mon assiette.
Ouais bon, toujours la même rengaine, à force, on ne va plus pouvoir rien bouffer, ou alors du super cher… OK, on en a marre de culpabiliser, alors je ne sais pas moi, commençons par limiter la casse, aller au marché, plus qu’au supermarché, se faire à manger plutôt que de micro-onder des plats industriels. De toute façon, une grosse partie de l’affaire repose sur ce qu’il y a dans notre assiette, ça vaut le coup de redonner du temps à une de nos préoccupations terrestres, se nourrir… Tiens, j’ai la dalle avec tout ça moi !
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