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8 mai 2020

le pin d'Alep..., ou pas!

Durant mes études forestières, j’ai beaucoup entendu parler de nos stars de la production résineuse: épicéas, sapins pectinés, pins sylvestres, laricios de Corse, mélèzes, et bien sûr, la colonie des américains, avec en chef de file, le sapin de Douglas.

Arrivé récemment en Provence, je me retrouvais entouré de tous ces pins, recouvrant d’immenses territoires, que je ne connaissais pas: les pins d’Alep. Les observant, si branchus, tortueux, je comprenais leur absence de mes cours de sylviculture. Economiquement parlant, difficile de rivaliser avec leurs confrères à aiguilles préalablement cités. Cependant, on parle tout de même d’une essence qui dépasse les 200000 hectares en Provence. Mazette...france-nice-vue-darbre-de-pin-dalep-d9axdd

Je me décidais donc à partir sur les traces de cet inconnu. On le disait « pionnier »,  au bois sans grande valeur, sensible aux incendies. Je l’imaginais même envahissant, venant d’ailleurs, que l’on se devait de combattre pour redonner toute leur place aux essences locales comme les chênes verts, pubescents ou encore kermès. Remonter dans le temps m’entrainerait surement sur les traces d’un botaniste aventurier voyageur, revenant d’Alep, avec quelques graines au fond de sa poche.154798135858_6351

Il existe bien des peuplements de pins dans la région d’Alep, ville aujourd’hui tristement célèbre, actualité oblige. Mais ce sont des pins de Calabre, très ressemblants. Donc le pin d’Alep ne vient pas d’Alep ! Bigre ! Cette confusion est due à un botaniste d’origine écossaise, Phillip Miller, qui lui attribua ce nom en 1768. Reconnaissons à Phillip, qu’à l’époque, il y avait de quoi se planter (elle est bonne !). Dans une période plus récente, certains scientifiques voulurent même faire du pin de Calabre, une sous catégorie du Pin d’Alep. Dans les années 60, pour s’en sortir, le professeur Ibrahim Nahal, de la faculté d’Agronomie d‘Alep, a du coincer les pins d'Alep pas d'Alep sous le microscope: biochimie de la résine, composition du bois, des aiguilles, du pollen. Verdict: le pin de Calabre est une essence à part entière. Espérons que les pins poussant en Calabre sont bien des pins de Calabre. S'ils s'avéraient être des pins d'Alep, y'aurait plus qu'à recouvrir nos scientifques botanistes de résine de pin, et de plumes !

A priori, Phillip Miller ne faisait pas partie des botanistes globe-trotters, dont nous avons évoqué la mémoire pour quelques uns d'entre eux dans ce blog. Sa « bio » dévoile son côté, plus collectionneur de plantes, plantouses qu’on lui ramenait du monde entier. Il succéda à son père au poste de surintendant du jardin de la compagnie des antiquaires de Chelsea, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1771. Pour verser dans la caricature, on peut dire que Phillip a connu les grands de ce monde, mais n’a jamais mis les pieds à Alep. Ah le terrain... Le terrain vous dis-je !!!

A l’époque, on est par ailleurs en plein débat concernant la nomination des plantes et leur classification. Phillip au départ, n’est pas très chaud pour le classement proposé par Linné, un suédois celui là, classement qui finira pourtant par s’imposer, et sur lequel on se repose encore aujourd’hui (sur nos lauriers, hihihi, j’ai honte). Linné était un dingue de classement et d’attribution de noms. Ce qui est marrant, c’est qu’il a bien galéré avec son propre nom. En Suède, question arbres, généalogiques ceux-là, c'était la galère. Nos grands blonds avaient tous des noms en « son », "fils de", d’où les Carlson, Erikson, Bengtsson, et j’en passe. Linné devait avoir des problèmes d'identité vu qu'il aurait changé de nom je ne sais combien de fois. A l’arrivée, son nom vient de « lind », anciennement « linn », qui est le nom du tilleul en suédois. Il y avait un grand tilleul dans la cour de la propriété familiale ! Du coup, notre Linné est parti à nommer tous les végétaux, et même les animaux ! Résultat, on est tous là aujourd'hui à galérer en reconnaissance botanique à cause des frustrations identitaires d'un ancien scandinave. Revenons à nos pins !unnamed

Le pin d’Alep est donc bien un autochtone de Provence. Notre cher Marquis de Saporta, pionnier de la paléobotanique, nous ferait remonter son origine au Cénomanien. Allez pour vous aider, dernier quart de l’ère secondaire. Puis, on trouverait des traces de son ancêtre, il y a 25 millions d’années, en Provence. Le débat est clos, il est autochtone. Ceci dit pour remonter dans le temps à des échelles pareilles, ça a l’air coton. Mais nos chercheurs sont des génies. Ils utilisent des techniques de malade : la palynologie, étude des grains de pollen, l’anthracologie, étude des charbons de bois. Eh oui car le bois se conserve très longtemps par carbonisation. Sans parler de l’analyse des matériaux utilisés dans l’antiquité pour la construction dans les ports, ou encore la fabrication des amphores.4e9e2b_014ed9cd5a4b4c0a9275c0e88e2cddc2_mv2

Ceci dit, ils ontl’air de galérer avec les pins car la différentiation entre eux, au niveau du pollen n’est pas très prononcée. Tu m’étonnes, quand on voit qu’on a déjà du mal avec les arbres entiers… bref, pour faire simple, quand on trouve du pollen de pin, pas évident d’affirmer, qu’il y a de « l’Alep » dedans. Mais, comme derrière une période de glaciation, ou au moment d’une chute de la pratique de l’agriculture comme à la fin de la période romaine, on « diagnostique » de grandes concentrations d’une végétation qui colonise rapidement, et que le pin d’Alep est un super pionnier... Pratiquement aucun doute sur sa présence, et de façon importante, à différentes époques. Vous suivez ? C’est sympa !

L’histoire nous montre, enfin surtout aux scientifiques, que le pin d’Alep, certes pionnier, peut être considéré aussi comme un "intermédiaire". Il aurait donc vocation à passer le relais à d’autres. C’est vrai que son feuillage assez clair permet souvent le développement d’un sous étage, qui lui, sera peut-être la végétation de demain, mieux en équilibre avec les stations, non pas de sport d’hiver, surtout qu’il déteste le froid !

Purée, le pin d’Alep ne vient pas d’Alep. Les gens d'Alep ne peuvent pas appeler leurs pins des pins d'Alep tout ça parce qu'un écossais a merdé au 18eme siècle et qu'on a jamais jugé utile de corriger. Alepiens, alepiennes, révoltez-vous, sus au colonialisme ! Oui, je sais, c'est pas le moment, on verra ça plus tard c'est sûr. En même temps, tu me diras, toutes les conneries qu’on a faites, et qu’on n’a jamais corrigées…

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Commentaires
G
Texte alerte et entraînant. Et en plus on apprend des choses, merci !<br /> <br /> <br /> <br /> Petit aparté : vous mentionnez les chênes verts et pubescents comme plantes méditerranéennes typiques; j'ajouterais le minuscule et ô combien précieux chêne Kermes, indispensable colonisateur en terrain calcaire.
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C
MON GG EST UN CHERCHEUR, UN GRAND CHERCHEUR
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