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20 avril 2014

non coupable

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Non coupable

 

Monsieur le juge, je plaide non coupable. Regardez, ma journée n’avait pas trop mal commencé. J’avais triplé ma dose de café matinal, soucieux de soutenir cette culture qui fait vivre, grâce au commerce équitable, de laborieux petits paysans sud américains. Dieu soit loué, la transformation de ces grains se passe chez nous et procure encore quelques emplois. Je surchargeais mon breuvage de sucre pour les mêmes raisons. Lointain était le temps où je faisais mes propres confitures, conscient aujourd’hui que je mettais alors en péril des centaines de ramasseurs de fruits ainsi que toute la filière de la confiture.

 Repus, je me dirigeais aussi sec vers mon concessionnaire automobile préféré, pour lui acheter une voiture neuve. Mes critères d’achat étaient le nombre d’heures de travail, je choisissais le modèle qui atteignait le chiffre le plus élevé, ainsi qu’une consommation d’essence suffisamment élevée pour soutenir l’industrie pétrolière, et faire profiter mon gouvernement d’un apport fiscal important.

En sortant, je me précipitais d’ailleurs vers la première station pour faire le plein, plus que le plein puisque je faisais déborder abondamment le réservoir. En repartant, je jetais dans le rétroviseur un regard distrait sur le brasier que je venais de provoquer en lançant distraitement mon mégot par la fenêtre. Mon acte de bravoure allait provoquer des milliers d’heures de travail pour la reconstruction. La caserne de pompier locale, condamnée à disparaître pour cause de restructuration était sauvée.

Direction mon hypermarché habituel, farouchement déterminé à relancer l’industrie du textile. Ma très mauvaise habitude de fonctionner avec quelques vieux jeans, usés jusqu’à la corde et des sous vêtements hors d’âge, c’était terminé. Je m’habillerais désormais en superposant plusieurs slips, tee shirts, chemises, chaussettes. Arrivant à la caisse, mon caddie débordant de cotonnades, voilà ti pas que je faisais bipper l’alarme, ayant négligé que dans mon zèle, j’avais déjà mis en application dans le magasin, cette nouvelle façon de m’habiller. La caissière me réclamant, hilare, que je n’avais plus qu’à me mettre à nu devant elle, je mettais ses désirs à exécution, assurant par la même, un rentrée d’argent aux quidams, tous armés de portables dernier cri, qui ne se privaient pas pour tout filmer et mettre le jour même, la vidéo sur youtube. Cette rentrée d’argent providentielle, leur permettraient d’en consacrer une bonne partie à l’investissement en matériel, certes pas fabriqué chez nous, mais au moins transporté, chargé, déchargé, vendu.

Bien conscient que ces quelques efforts de ma part ne seraient qu’une goutte d’eau, je suis retourné dans le magasin, j’ai rempli mon caddie à ras bord de produits alimentaires, tournant le dos sciemment au rayon bio, soucieux de ne pas créer de difficultés supplémentaires à l’industrie chimique.

Oui, c’est vrai, Monsieur le juge, je reconnais avoir voulu sortir avec mes achats par une porte dérobée. Tous ces produits hautement marketisés, étaient destinés au comité de soutien aux activistes de la ZAD à Notre Dame de Landes, pour tenter de ramener ces illuminés aux tentations de la consommation, eux qui mettent tous les jours notre société en péril, en refusant de consommer.

Vous pensez bien que mon porte monnaie n’était pas à la hauteur, dans ma croisade pour relancer l’économie. Qu’importe, je venais de créer des heures de travail supplémentaire à mon conseiller bancaire, son poste étant amené à disparaître pour cause de restructuration. Nous avons tant besoin de lui pour continuer à vendre des produits d’épargne de plus en plus nuls jusqu’à ce que les petits vieux se décident enfin à s’acheter pleins pleins de trucs, et pourquoi pas, pour commencer des vacances au soleil.

Je me souvenais à ce moment là, avoir dans ma poche, mon billet pour un séjour, acheté en même temps que je faisais mes courses. Me voilà dans l’avion, il faut faire des avions, qui bruleront des tonnes de kérosène. Je suis arrivé au Maroc, ou en Tunisie ou en Turquie, je ne sais plus, car je ne suis pas sorti de l’hôtel. Il fallait que ce lieu perdure. J’y ai mis tout mon cœur, mangé comme quatre, bu comme cinq, participé à toutes les animations. Ces braves gens, les animateurs, avaient la sagesse de ne rien acheter sur place Ils pourraient revenir en France, y consommer tout leur salaire, avant de repartir pour de nouvelles aventures.

Monsieur le juge,vous ne pouvez que m’envoyer derrière les barreaux, et vous faites bien. J’irai dans ces lieux hostiles, prêcher la bonne parole, comme par exemple arrêter de faire du business sur des produits illicites qui ne rapportent pas un sou aux caisses de l’état. Je ne les pousserais pas à stopper cependant toute activité criminelle, conscient qu’un nombre de délits minimum est requis pour garantir une activité nécessaire à ce secteur économique ô combien important qu’est l’assurance.

Je plaide non coupable, Monsieur le juge, je n’ai fait qu’écouter mon poste de télévision qui me dit tous les jours que je dois participer à cet effort collectif de retour à la croissance. Oui, je sais, vous pourriez me reprocher, assurant ma défense moi-même, de ne pas avoir produit des heures d’avocat, mais soyez indulgent, vous verriez la maison et la voiture, certes de marque étrangère, de celui que j’avais pensé un temps contacter, je crois qu’il a déjà largement fait sa béat, dans ce combat qu’est pour nous tous, la relance.

J’aurais, pour finir, Monsieur le juge, une pensée pour ces arbres, perchés tout en haut de la montagne, qui n’ont d’autres fonctions, que de tenir les sols, réguler l’écoulement des eaux, loger quelques menues bestioles. Leur croissance est terminée depuis bien longtemps, éloignés qu’ils sont, des régions de production, où l’on coupe leurs congénères, dès que leur croissance ne fait, ne serait-ce, que ralentir.

Notre-Dame-des-Landes

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