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29 mars 2014

Plaies

Plaies

L’arbre, ouais je sais encore !, est un végétal qui comme tous les végétaux n’a pas la possibilité de se déplacer, il doit rester où il est, sans bouger. Purée, il va bien me falloir encore une dizaine de réincarnation avant de pouvoir accéder à ce stade !!!

De ce fait, il faut bien qu’il se débrouille là où il est, pas question de prendre ses racines à son cou. Heureusement, comme nous l’a montré le professeur Gégé dans les épisodes précédents, ooooh vous n’aviez qu’à être là zut !, il est super intelligent. Trop chaud en été, il ferme les stomates de ses feuilles périphériques, durcit sa cuticule, je vais vite, y a les dicos. Trop froid en hiver, et hop, j’aoute mes bourgeons, je lignine mes rameaux. Ce n’est pas tout, je recouvre mon tronc d’une épaisse écorce pour protéger mes canaux conducteurs de sève, j’en réduis le débit dès que ça craint un peu trop. Je mets aussi des branches en place pour assurer mon approvisionnement en carbone, chose que l’homme ne sera jamais avare à me fournir, mais je leur donne rapidement leur indépendance, pour pouvoir m’en séparer un jour plus facilement quand elles ne pourront plus faire leur travail correctement ; malin comme un singe…, dans un arbre, oui, je sais, facile…

Malgré tous ces stratagèmes, et ce goût de l’harmonie, j’ai pourtant des ennemis dont les intentions ne sont pas toujours sympathiques, des insectes, des champignons, virus ou autres bactéries. D’ailleurs, il faut bien dire à ce sujet que les plus petits sont souvent les plus dangereux, les plus discrets, les plus sournois. Bien que passant mon temps à installer des barrières avec le monde extérieur, il reste des portes d’entrée, il faut bien communiquer avec le « dehors », et les vilains en profitent. Mes feuilles restent parfois un peu trop tendres, je ne suis pas toujours très rapide à installer mes mécanismes de défense. J’ai aussi, de plus en plus, la visite de drôles d’oiseaux, armés de machines bruyantes, et qui passent leur temps à faire des portes d’entrée, me donnant des travaux de réparation supplémentaires considérables. Je sors alors mes dernières cartouches.

Mon tissu végétal ne me permet pas d’effacer totalement une blessure, comme parvient à le faire le monde animal. Je me contente d’essayer de l’isoler à l’intérieur de mon bois, quitte à en garder la trace jusqu’à la fin de mes jours. Je suis condamné à garder en moi, la mémoire de la chose passée, ce qui, au passage m’épargne moult séances de psychanalyse pour la retrouver.

Mais je n’ai pas l’esprit chagrin. Condamné à rester là où je suis, je me concentre sur mon alimentation, ma respiration, ma relation avec mes congénères et mes partenaires. Ma hauteur et ma longévité me donnent le luxe de contempler ce temps qui passe avec une sagesse inégalée.

Et puis, je suis finalement comme tout le monde, contraint de doser en continu ma relation avec le monde extérieur, éternel équilibre entre isolement et besoin d’échanger. Il faut parfois se débarrasser d’une branche morte. Mes plaies ne se referment facilement que si elles sont modestes, la coupure doit être pratiquée avec méticulosité, précision, pour accéder à une bonne cicatrisation. Tout recours à des substances artificielles pour y parvenir n’a jamais donné aucun résultat. Je sais que je ne peux compter que sur moi-même, avec l’aide de tous. Mon apparence de grand solitaire est un leurre, je fais partie d’un tout.

arbre fantomatique

 

Lien livres: TheBookEdition

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